Bonjour!
J'inaugure comme promis cette première session d'interview sur les projets tentaculaires, dont vous pouvez toujours trouver la liste des intervenants mis à jour
ici. C'est un peu facile puisque c'est moi qui ait écrit les question et que du coup, je m'autointerviewe.
Forcément
Cependant, le procédé a aussi des avantages: je teste mes questions, ma mise en page, et je ne passe pas au grill des gens sans avoir éprouvé moi-même la température. Envie d'en savoir plus sur mon projet tentaculaire à moi que j'ai?
C'est parti.
Warning: On va moins parler du contenu que du ressenti des auteurices face à l'ampleur de la tâche des projets tentaculaires. Enjoy!
Les projets tentaculaires - Andoryss
1. Bonjour, qui es-tu?
Je suis Mélanie Guyard, ou Andoryss, ou Lewelyn (un tiers seulement) selon les publications.
2. Peux-tu te présenter rapidement ?
Voilà une question facile! On en apprend plus sur moi
ici, mais après pour les gens qui veulent un rattrapage vite fait, j'ai 40 ans, deux enfants, toutes mes dents, une tendance à l'hyperactivité et un conjoint compréhensif. Je suis autrice de roman, BD, nouvelles, jeux vidéos, livres illustrés, etc etc. J'écris des histoires en SFFF, en blanche, en jeunesse, en adulte, et en tout le reste qui traverse mon cerveau de manière inattendue.
3. Quel est le nom de ton projet tentaculaire, s’il a un nom ?
C'est compliqué. Quand j'avais 12 ans, c'était "Les loups de Chicago". Puis, c'est devenu "Les enfants Milton", "Chicago", "From Chicago"... le titre n'est pas définitif, je n'arrive pas à trouver celui qui fonctionne. On s'en fout, ce sera pour après. Par contre, les titres des volumes, eux, sont prêts et définitifs.
4. Quel style est-ce ?
C'est compliqué. Monde réel, situation réelle, de la mafia, du FBI, des voitures qui explosent... Un pote m'a dit une fois que c'était "Le club des cinq joue à Die Hard" et c'est vraiment ça. Aventure pulp bourrine, dans la veine d'un Veronica Mars, d'un Reacher, d'un Jessica Jones sans le fantastique, ça parle d'histoire de famille et d'héritage dans le milieu mafieux. Du coup ça remue, ça tire dans tous les sens, la quantité d'hémoglobine est déraisonnable et tout le monde ment. En gros.
5. Quel est son type ?
C'est définitivement du roman. C'est même découpé, il y en a sept en tout.
6. Qu’est-ce qui rend ce projet si spécial/précieux/important, rayez la mention inutile ?
J'ai créé le personnage principal vers l'âge du huit ans. Elle m'accompagne depuis si longtemps! Je me suis beaucoup construite en essayant de lui ressembler. J'ai vu l'histoire se densifier peu à peu, j'ai écrit une première version du volume 1 à 12 ans... c'est mon premier projet, et c'est celui que j'aime le plus du point de vue de l'ambiance, des personnages et des péripéties. C'est déjà pas mal...
7. Ce projet est-il toujours en cours d’écriture, ou a-t-il été repoussé, mis de côté, ou définitivement abandonné ? Pourquoi, dans tous les cas ?
Ce projet est toujours en cours d'écriture, mais après avoir écrit une quinzaine de fois le volume 1, j'ai décidé de rédiger la version finale des 7 volumes, dont 5 ont une première version achevée. J'ai donc fait un dossier de 130 pages avec tout dedans, et je vais écrire ce foutu projet pour la dernière fois. Parce que l'alternative, à savoir que ce projet ne voit pas le jour, est insupportable.
8. Quand est-ce que tout ça a commencé ?
Au collège, en cinquième pour la première rédaction. Vers l'âge de huit ans pour la création de l'héroïne et le début de ses aventures dans ma tête.
9. A quel moment tu as su que c’était un projet tentaculaire ?
Je ne l'ai pas su tout de suite. J'ai fait le volume 1, et j'ai vu que ça ne suffirait pas. Du coup, au lycée, j'ai fait le volume 2 et là j'ai découvert une quantité de secrets hallucinants. J'étais
full jardinière à l'époque, je n'avais aucune idée de ce que mes personnages allaient faire au chapitre suivant. Cet aspect a évolué au cours du temps, mais c'est clairement de cette façon que j'ai compris que je n'avais que la face émergée de l'iceberg, et que mon histoire remontait à plusieurs générations au-dessus, qu'il allait me falloir des arbres généalogiques, des frises temporelles, et tout un tas de trucs du genre. A partir de là, j'étais perdue pour la cause.
10. Comment on travaille un projet tentaculaire ? Quels sont tes outils, tes méthodes…
Si on commence suffisamment jeune et inexpérimenté, au départ on en met forcément partout (oui, je sais). Dans des carnets, des bords de marges, des cahiers de brouillons, des post-it... l'univers déborde, en réalité. La grande étape va être de rassembler ces éléments en un tout cohérent. Certains le font sans doute à l'intérieur des écrits, mais moi c'était plutôt l'inverse: je découvrais le monde et le back à mesure que j'écrivais. Il y a quelques mois, j'ai fini par compiler un doc avec TOUT dedans après avoir passé des ANNEES à semer des words aux quatre coins de mes ordinateurs et après avoir écrit plus de la moitié (5 tomes sur 7) pour découvrir la plupart des plots point. Je pense que sans cette base solide, tout m'aurait toujours paru approximatif. Ce document me donne l'assise pour envisager l'ultime réécriture et surtout, la possibilité de finir. Scrivener semble être un excellent outil pour ça aussi, mais je ne l'utilise pas, par désespoir essentiellement, quand je vois l'étendue du temps à lui consacrer pour le maîtriser.
11. Sous quels aspects se manifeste sa tentacularitude ?
Chez moi, la tentacularitude du projet se manifeste beaucoup par les secrets de mes personnages. Même si ça fait longtemps que le projet n'est plus géré en jardinière, de temps en temps, j'ai des révélations qui tombent de la part des persos qui me laissent complètement estomaquée, un peu comme si le monde derrière était cohérent sans moi et qu'il se révélait à mes yeux peu à peu. Le fait que chacun de ces secrets fonctionne avec tout ce qui a été fait avant déclenche chaque fois un sentiment d'euphorie très puissant.
12. Où en es-tu ?
Je suis à l'aube de la DERNIERE écriture de la bestiole. Au camp Nano d'avril, je vais réécrire le volume 1. En fin d'année, il sera normalement fini de corriger et je donne deux ans à
ma merveilleuse agent pour réussir à le vendre. Pendant ce temps, j'avancerai les tomes 2 et 3. Si ça ne marche pas, j'autopublierai en ligne tout en continuant d'écrire la suite. Avec trois tomes d'avance, ça devrait aller. Il est temps que ça se termine, cette affaire. Mon document de base est prêt autant qu'il devait l'être, c'est que je suis prête aussi. Il n'y a plus qu'à.
13. Et si un jour tu finis, publication ou pas ?
J'adorerais, mais personne en veux. Les versions précédentes du volume 1 qui ont été soumises au cours des dernières années n'ont jamais réussi à convaincre personne. Trop long, trop atypique, trop pulp, les éditeurs jeunesse disent que c'est de l'adulte, les éditeurs adultes disent que c'est du jeunesse, les éditeurs YA font soit de la SFFF soit du réaliste chronique de vie, et je ne suis rangée nulle part. Pas grave. Autopublication en 2024 au plus tard.
14. Qu’est-ce qui aide à garder la motivation face à un projet aussi considérable ?
Plusieurs choses. Déjà, l'absence d'alternative. Je ne peux pas ne pas écrire ce projet. C'est mon doudou, c'est mon premier, c'est celui qui compte, je ne peux pas. Du coup, je suis bien forcée d'avancer, et je me rassure en me disant qu'à travers tous les efforts que j'effectue, je progresse, ce qui sert les autres projets aussi. Et ça, ça n'est jamais perdu. De plus, chaque pas que je fais me rapproche du moment où ça fonctionnera. Je veux y croire. Chaque réécriture a amélioré la bête, donc on avance. Enfin, j'ai un noyau dur de lecteurs qui adorent cette histoire, et rien que pour eux, je peux déplacer des montagnes.
15. Des doutes, des espoirs ?
Le principal doute que je rencontre, c'est la crainte de ne pas être l'auteur à la hauteur de l'histoire extraordinaire que j'ai en tête, de ne pas en faire assez pour qu'elle fonctionne, de ne pas être suffisante en tant que plume. L'espoir, c'est celui de trouver un lectorat à emporter dans la passion furieuse qui m'habite quand il s'agit de cette histoire et de ces personnages. J'en crève d'envie.
16. Un pitch pour la fin ?
A Chicago, les héritiers de deux familles mafieuses s'affrontent pour retrouver un secret d'état qui a couté la vie à leurs parent en évitant de se faire tuer ou pire, de se faire arrêter par les autorités, au passage. Facile.
Un jour, promis
Voilà! J'espère que cette première note sur les projets tentaculaires vous a plu. Très vite, d'autres auteurices viendront parler des leurs, et de leur lutte acharnée pour faire naître un univers titanesque avec juste un cerveau et deux mains.
A très bientôt!
Mélanie Guyard - Andoryss