jeudi 21 mai 2020

Original Character : OC Meme

Bonjour à tous!

L'ami Lionel Davoust a récemment participé, sur une idée originale de Rozenn Illiano, au OC meme Challenge (appelons-le comme ça). J'ai adoré lire ses réponses; j'ai eu également envie de réfléchir à la question. Après moult tergiversations, voilà le résultat!





01 - Jo (Chicago – roman non publié) – Elle s’appelle tout d’abord Natacha, et tourne longtemps en boucle dans ma tête avant de trouver son nom complet. Je l’ai créée autour de l’âge de 8 ans. Elle possédait déjà la clef.

02 - Syl (Exhumation – nouvelle de commande) – Créée pour une nouvelle, Syl est une excavatrice. Je la voulais casse-cou et professionnelle, elle est taiseuse et empathe. Ils ne font jamais ce que je veux...

03 - Jo (Chicago - roman non publié) – Que dire ? C’est la moitié de moi, la raison qui me fait me relever quand je doute, celle qui s’éveille dans la tourmente pour fracasser les murailles. Elle est celle qui compte le plus.

04 – Comme je fais de la BD, je ne vais pas me priver ici d’aller puiser dans ce terreau. Je dirais que de tous les personnages que j’ai créé, celui qui a le design le plus top, c’est North (Les enfants d’Evernight – éditions Delcourt, éditions Castelmore). Entre les cornes, les yeux de chats, les costumes trois pièces et la sucette entre les dents, c’est mon chouchou. Mais Maximilien, de la même oeuvre, se bat bien aussi. 





Design de Marc yang



05 – L’insomnie. Je dors très mal, j’ai notamment de gros problème d’endormissement. Une des meilleures façons de m’endormir est de créer un lieu, puis un personnage, de le lâcher dans la nature et de voir ce qu’il fait. Je m’endors souvent avant que ce soit intéressant, mais ça me donne l’occasion de réexplorer son univers le lendemain, et les nuits suivantes, jusqu’à avoir un truc qui tienne la route et me plaise (ou que je laisse tomber pour autre chose)

06 – « Je te vois. Et maintenant, dis-moi qui tu es et ce que tu veux. »

07 – Non, ça ne m’est jamais arrivé. Parfois, je découvre certains liens des années après qu’ils ont sauté à la gueule de mes lecteurs, mais ce sont des liens présents entre des personnages d’un même projet/environnement.

08 – Jo et Jon, forcément (Chicago - roman non publié). Le second sur le podium est aussi dans cette œuvre, et c’est assez fort de café de penser que malgré le fait qu’ils sont mes tandems préférés, c’est pas exactement des duos nourris d’amour et d’eau fraîche (plutôt de semi-automatiques et de café italien).



Croquis de Jonathan, fait quelque part au début des années 2000
A peu près l'unique dessin de mes persos qui ait été à peu près à la hauteur de ce que je visualise



09 – Tolen (Le Sang - roman non publié). En l’écrivant, je suis perpétuellement en train de me demander s’il est très con, très intelligent, complètement taré ou s’il se fout juste de ma gueule (et de celle des autres persos dans la foulée). Jamais vu un personnage aussi, disons, incontrôlable.

10 – Richard Brown (Chicago - roman non publié). Sans remuer le petit doigt, puisque quand le roman commence, il est mort depuis plus d’un an. ^^’ C'est d'autant plus facile de le nommer méchant en chef que, d'une manière générale, je n'aime pas les personnages de méchants et n'ait que des opposants aux raisons propres et intérêts parfois louables, mais en conflits avec ceux du lead character. 

11 – C’est eux qui sont méchants avec moi ! Ils ne font rien de ce que je veux !

12 – Pas de spoiler, bien évidemment, mais le personnage que j’ai tué et qui m’a le plus marqué dans sa mort était un personnage du Cercle (Comic fabric, éditions Delcourt).




Le Cercle, Tome 1: Your True Colors
Dessins de Nesskain - éditions Delcourt



13 – Heloïse (Les Âmes silencieuses – éditions du Seuil), et si cette parentalité est très peu discutée dans le roman, elle flotte au-dessus des personnages, à la fois cause et conséquence de tout le reste.

14 – Muet (L’odyssée d’Octobre - roman non publié). J’ai commencé à écrire son périple il y a 5 ans… et c’est systématiquement son projet qui retombe dans les limbes quand je cède à la pression des deadlines…

15 – Matéo (Le Passageur – éditions Lynks). C’est un personnage à la fois si fragile et si résilient que le manipuler au milieu des évènements, c’est de la mécanique de précision. Toujours à deux doigts d’être brisé, il encaisse pourtant sans sourciller certaines situations abominables.

16 – Le plus grand est sans conteste Mac Claw (Les enfants d’Evernight – éditions Delcourt, éditions Castelmore) un tigre de plus de trois mètres de haut, et le plus petit est Pois (L’odyssée d’octobre - roman non publié), un très jeune souriceau.

17 – Le plus vieux, est Mathias, le Maître du Temps (Les enfants d’Evernight– éditions Delcourt, éditions Castelmore). Bien qu’il ait une apparence d’éternel adolescent, il est âgé de plusieurs centaines (milliers ?) d’années… Le plus jeune, c’est sans doute également Pois (L’odyssée d’octobre - roman non publié).




18 – Corentin (L’enfant des Tempêtes – à paraître, éditions du Seuil). Fut un temps où je l’ai aimé, pourtant, avant qu’il existe, avant que je ne l’écrive, et avant qu’il ne porte ce nom. Mais le temps dissipe les illusions.

19 – Mathieu (L’enfant des Tempêtes – à paraître, éditions du Seuil). Bien qu’il n’ait pas été originellement créé pour prendre autant de moi, il s’est nourri de quelque chose qui dormait dans mes entrailles depuis des dizaines d’années. Je suis bien contente qu’il ait emmené avec lui toutes ces choses oubliées.

20 – Loreleï (Le Cercle, Comic fabric, éditions Delcourt). Ce personnage avait à l’origine sa propre histoire, sombre et corrosive. Les gens qui ont lu Le Cercle en ont eu un aperçu, mais je regrette très fort de ne pas avoir pu développer tout son univers et son potentiel.



Lorelei, donc. 
Dessins de Nesskain - éditions Delcourt


21 – Typhon (Le Soufflevent – éditions Delcourt) Sidekick cérébral et poilu, Typhon est un chat ailé. Entouré de Coline et Sacha, deux impulsifs ingérables, il représentait le médiateur essentiel, la partie raisonnable du trio, qui agit posément et prend le temps de réfléchir avant de tout casser. Je ne m’attendais pas à ce que, pour les lecteurs, il devienne un personnage à part entière. Mais devant son succès et mon aisance à l’écrire, j’ai pu développer une trame rien que pour lui au cours des volumes suivants de la BD. 

22 – Loïc (Les Âmes silencieuses – éditions du Seuil). Je ne m’attendais pas à l’aimer, pas même à le trouver attachant ; je le voulais insupportable de certitudes et de sarcasmes, parfaitement imbuvable avec le commun des mortels et aimant à piétiner les convenances sociales comme d’autres les colonies de fourmis. Je voulais qu’il soit tellement à côté de sa vie qu’il morde tout ce qui pouvait sembler vivant autour de lui. Mais au lieu de ça, il m’a fait rire, il a révélé des failles, je l’ai compris, et il a gagné en douceur et en attachement, avec moi et les autres personnages. C’était chouette de le découvrir, et la place qu’il a pris dans le roman était celle qui lui revenait.


Voilà pour ce petit jeu, et parfois, ça a été difficile de nommer un personnage plutôt qu'un autre! Je pense que certains éléments de cette liste seront amené à varier au court du temps, avec l'apparition de nouveaux personnages et le lent effacement des projets achevés... peut-être. Ou peut être pas, on verra! 
C'était amusant à faire en tout cas. 
On se retrouve bientôt pour d'autres nouvelles. 

Mélanie Guyard - Andoryss








jeudi 7 mai 2020

Biographie d'une playlist - La musique de #Tempêtes

Bonjour à tous!


Oui, je sais, on ne m'arrête plus. Donc hier soir, j'étais en Live sur Instagram sur le profil des éditions Lynks avec ma merveilleuse agente Roxane Edouard et on en est venu, à un moment, à parler playlist d'écriture. Un.e spectateurice a alors dit qu'iel aimerait bien avoir la playlist de mes romans, pour l'écouter en lisant, parce qu'iel avait eu l'occasion de le faire pour d'autres romans et que c'était chouette. Du coup, je me suis dit, pourquoi pas? Dorénavant, à chaque projet achevé, vous aurez ici la playslist de travail utilisé pendant sa réalisation. Et on commence bien évidement par #Tempêtes, puisque c'est le roman qui a été achevé le plus récemment! Mais avant... 




Pourquoi écrire en musique? 


J'avais déjà détaillé tout bien le pourquoi du comment j'aimais écrire en musique et c'était devenu essentiel pour moi dans cette note de blog du passé qui resurgit. Néanmoins, et pour la faire courte: la musique est un raccourci (oui, comme dans l'Architective pour ceux qui l'ont lu).

Une playlist d'écriture est un raccourci mental et émotionnel entre le monde réel et le projet auquel elle correspond, quand elle fonctionne. Si la playlist est adaptée et si elle n'enclenche pas de parasitage cérébral (pas/peu de paroles, ou alors incompréhensibles, c'est mieux si on veut pas sortir de l'écriture en cours parce que tout à coup on prête attention à ce qui se dit. Même si ça dépend des projet. détail en dessous), alors elle immerge immédiatement dans le projet auquel elle est rattachée. 

Dans mon cas, mettre la musique d'un projet sur lequel je travaille me fait gagner un temps fou de "mise en route". Impossible depuis que j'utilise cette méthode de caler au démarrage, et ça me permet de passer du point 0 à ma vitesse de croisière d'écriture en quelques minutes. 

Une bonne playlist devient alors la condition sine qua non d'une immersion réussie. C'est la bande son de mon film intérieur, et de la même façon que si je me mets à fredonner la marche impériale votre cerveau va vous envoyer Vador qui marche dans un couloir de l'étoile de la mort, ma playlist me propulse dans mon univers plus efficacement que n'importe quelle méditation pré-écriture ou tasse de thé de mise en condition. 

Bien évidemment, je ne vous parle que de mon cas personnel: vous avez tout à fait le droit de vouloir écrire dans le silence le plus parfait. 





Quel type de musique ? 

Alors ça aussi, je l'avais tout bien détaillé dans cette note de blog du passé qui resurgit, mais pour vous la faire courte, ça dépend vachement des projets. Comme je le disais la dernière fois, on ne se met pas une musique de grosse fantasy qui tâche pour écrire un drame intimiste dans la France du 19ème siècle: votre immersion a de grandes chance de rater. 

Pour la faire courte, sachez d'avance quelle ambiance vous recherchez, et travaillez par mots-clefs: mélancolique, contemplatif, tension, cyberpunk, space opéra, celtique... tâchez d'évaluer en avance ce dont vous avez besoin, et chercher les musiques que vous connaissez déjà qui répondent à ces impératifs. La plupart du temps, dans mon cas, je commence ma playlist avec des ost (original soundtrack) de jeux vidéos ou de films qui m'évoquent mon projet. Par exemple, travailler avec la bande original de The Foutain pour l'Architective, ou celle de Skyrim pour des projets en pleine nature, comme Odyssée

Créez la musique de votre monde intérieur demandera du temps, mais cela peut aussi être fait au fur et à mesure. l'important, c'est qu'elle colle au projet. 

Ainsi, comme je le disais, j'utilise très peu de musique à paroles pour mon travail. il y a une exception, mais de taille: la bande originale que j'utilise pour ma saga d'e mafia est pratiquement composée uniquement de chanson de pop-rock au goût parfois discutables, mais qui collent à l'univers et qui correspondent à certains personnages, comme Jo, Frank, Jonathan bien évidemment, et les relations que les uns entretiennent avec les autres

Cette playlist-là ne ressemble guère aux autres, mais c'est à vous de voir de quoi vous avez besoin, et de vous adapter en fonction. Il n'y a pas d'autres règles que celles que vous vous fixez.


*soupir*


Créer sa playlist

Pour ma part, créer une playlist commence toujours par écouter un morceau en boucle sur Youtube. 

Puis, une fois que je suis bien persuadée que c'est de ça dont j'ai envie, je me mets à cliquer sur les propositions de liens à droite, et j'ajoute au fur et à mesure les musiques qui collent. Cette méthode, associée au libre défilement de Youtube, me permet d'accéder à des morceaux que je ne connaissais pas avant et qui fonctionnent pour le roman que j'écris.

Parfois également, une scène du livre me fait penser à un film, et dans ce cas, je vais voir si certains morceaux de la BO de ce film ne fonctionneraient pas avec les autres. Si c'est le cas, je les ajoute. 

Au fur et à mesure que le roman se développe sa bande son s'enrichit ainsi. Dans le dossier où le roman est enregistré, un sous-dossier contient sa bande original, composée de tous les morceaux glanés à droite à gauche. Et moi, quand je commence à écrire, je me lance ma playlist en aléatoire, et en endless. Voilà, ce n'est pas plus compliqué que ça. 




Playlist de Tempêtes

Le premier morceau de #tempête a été On the nature of daylight



Ce morceau a été écouté en boucle tout seul pendant la rédaction des premiers chapitres, quand je cherchais encore la voix(e) du roman. Puis, par la suite, il s'est enrichi de quelques autres morceaux du même auteur, Max Richter

  • Max Richter - On the Nature of Daylight
  • Max Richter - The departure
  • Max Richter - Meeting again
  • Max Richter - Dream 3 - On the midst of my life

A partir de là, je suis aller chercher d'autres musiques de ce type en laissant défiler les suggestions de youtube ou en cliquant sur les illustrations inspirantes qui s'y trouvaient et, une découverte en amenant une autre, j'ai fini par compiler une playlist suffisante à peu près aux alentours du chapitre 6 de la première version de rédactions. Par la suite elle a très peu bougé. 

Voici la playlist complète qui m'a servie à rédiger #Tempêtes. Par ordre alphabétique: 




Soit une playlist d'environ 3 heures 30, pour des sessions d'écriture pratiquement systématiquement inférieures.  Le côté endless et shuffle me permet d'être dans mon roman et de perdre la notion de musique, qui passe alors au second plan et accompagne l'écriture naturellement, comme un bruit sonore qui facilite les émotions. 

Je ne sais pas si vous apprécierez de lire #tempêtes avec sa bande originale, mais ce que je pense, c'est qu'on peut se faire une bonne idée du contenu du roman en écoutant la musique, au moins du point de vue du ressenti.

J'espère que cette petite note vous a plus et tant qu'à faire, j'espère vous avoir aussi fait découvrir un ou deux bon morceau de musique. ;)

A très bientôt

Mélanie Guyard - Andoryss



mardi 5 mai 2020

Biographie d'une correction - Analyse de la phase d'éditing de #Tempêtes

Bonjour à tous!

On remet ça? Puisque ça intéresse toujours quelques uns d’entre-vous, je vais vous détailler mon travail sur les correction/éditing d'un roman. Donc, je vous ai laissé à la fin du précédent article avec votre roman parti en bêta-lecture et en lecture chez votre éditeur. Nous allons voir ici ce qui se passe une fois que vous avez obtenus des retours sur le roman, et comment, dans mon cas, je fais pour compiler l'ensemble. Mais d'abord, commençons par quelques chiffres.
Pour #Tempêtes, voici ce qui ressort: 


Temporalité: 
Envoi du manuscrit: 12 avril
Début des retours: 13 avril
Retour édito: 20 avril
Fin des retours fixés en fonction de la fin des corrections
Début des corrections: 21 avril
Fin des corrections: 3 mai


Lectorat: 
 Pour #Tempête, j'avais 27 bêtas lecteurs (je tiens une liste pour offrir le roman à sa sortie) et j'ai reçu 14 retours, soit un peu plus de 50%.
Il y avait 
- 21 lecteurs types
- 5 lecteurs correcteurs
- 1 lecteur spécifique

  • Les lecteurs types sont des lecteurs qui lisent pour le plaisir et dont je n'attends rien de plus que l'avis global de fin de lecture. Ce sont généralement des amis, de la famille, et des collègues profs de français ou d'autre chose. 
  • 8 retours sur 21 envois
  • Les lecteurs-correcteurs sont des bêtas-lecteurs/éditeur/agent, des personnes qui vont me faire un retour détaillé dans le corps de texte, avec des annotations, des remarques et des corrections intégrées. 
  • 5 retours sur 5 envois
  • Le lecteur spécifique n'est pas obligatoire; ça dépend des romans. Les Âmes avaient été relus par des historiens. Ici, mon relecteur spécifique était un pédopsychiatre.  
  • 1 retour sur 1 envoi





Les retours des lecteurs types me servent surtout à prendre la température du lectorat. Qu'est-ce qui n'est pas compris, qu'est-ce qui est chiant comme la mort, qu'est-ce qui est long/court/incompréhensible/super, etc... C'est un avis précieux qui me sert par exemple à anticiper l’accueil du roman au grand public. Par exemple, je sais déjà qu'il est probable que Tempête parle moins aux gens que les Âmes. So be it.

Les lecteurs correcteurs ont un rôle plus actifs dans mon retravail. Tous ou presque fournissent une versions annotée du roman, ou en tout cas, un version commentée selon les points qui ont posé problèmes. Chacun à sa spécialité ; c'est pour ça qu'ils sont si nombreux: celui qui édite et qui, du coup, a raison (Si. Et ceci n'est PAS de l'ironie), ceux qui fonctionnent au ressenti, les Grands Maîtres de l'Orthographe, les logiques, les pointilleux... ce sont des gens que je connais bien et avec qui je travaille -presque- systématiquement. Leur retour à eux va me servir pour le travail effectif détaillé ci-dessous.


Exemple de retour de lecture de ma relectrice principale, louée soit son nom. 


Le lecteur spécifique, c'est particulier. Son rôle est de confirmer/infirmer ma vision d'un aspect précis de l'histoire. Ici, c'était la psychologie profonde du narrateur, qui est disséquée pour l'occasion. Il a tout validé et a même trouvé ça inspirant, j'ai fait des bonds partout. Je le remercie du fond du cœur d'ailleurs. Ce retour précis sert surtout la véracité du récit, et aussi la confiance de l'auteur quand il devra défendre son bébé.

Une fois que j'ai reçu la version annotée de l'éditeur, je peux passer au corrections. Par contre, même si d'autres relecteurs ont fini avant, je ne commence jamais à corriger avant d'avoir reçu la version de l'éditeur. 

Imaginez que vous modifiez un truc et que l'éditeur ne voulait pas, c'est autant de travail inutile. Votre temps est précieux. Soyez ordonné, et correction bien ordonnée commence par l'éditeur.




En vrai, il m'arrive de dire non à une modif, hein. 
On verra ça plus loin. 




Premier passage de correction: la surface

Durée: Courte - 2 jours

Détail des corrections effectuées: Légères

La première phase s'effectue sur le document envoyé par l'éditeur qui, à partir de maintenant, sera le document de travail. Sur ce document, l'éditeur note des informations/corrections/modifications en commentaires. Je passe rapidement d'un commentaire au suivant, et je mets en note les commentaires qui me viennent et qui correspondent à la situation. Oui, non, discussion. Cela me permettra de lister de ce que j'ai à faire à l'étape 2. 

A ce stade, je ne modifie pas le texte, ou très peu, si j'ai une fulgurance. Sinon, je me contente de mettre mes commentaires. Je vous ai mis quelques photos d'illustrations, concernant mes échanges avec ma merveilleuse éditrice à moi que j'ai. 



90% de mes réponses


2% de mes réponses



7% de mes réponses



1% de mes réponses, mais ça reste mes préférées. <3 




Cette relecture sert à me replonger dans le texte, d'abord, me remettre dans l'ambiance et mes personnages, et aussi à avoir une vue d'ensemble du chantier. J'ai également en tête, à ce stade, ce que les lecteurs les plus précoces m'ont envoyé, et ça me permet de voir les convergences/divergences. Voici comment je réagis aux différentes situations:
  • en cas de convergences des lecteurs avec l'éditeur: ils ont raison, j'abdique. 
  • éditeur seul: éditeur a raison si je suis globalement d'accord, sinon on discute (un peu)
  • plusieurs lecteurs: lecteur a raison ou on discute (un peu)
  • lecteur seul: je tranche seule. 


Fin de cette étape et avant la suivante: Discussion et to-do list. 

A la fin de cette étape, je discute avec les lecteurs avec qui j'ai besoin de discuter, et surtout, je discute beaucoup avec mon éditeurice. C'est là que ce négocient les changements qui vont avoir lieux, l'orientation du texte, la subtilité des modifications et les morceaux à enlever/ajouter. 

Ces différentes discussions me permettent d'y voir clair dans tout ce que j'ai à faire, et à la suite de ces interactions, je me dresse une to-do list de travail que vous trouverez, pour Tempêtes, en photo ci-dessous. A ce stade, je suis prête à passer à l'étape 2



Ici n'apparaissent que les modifications que j'ai décidé de suivre! 
C'est mon pense bête de travail. je coche ce que j'ai fait au fur et à mesure. 




Second passage de correction: le gros-oeuvre

Durée: Longue - 8 jours


Détail des corrections effectuées: Lourdes

C'est la vraie grosse étape de correction. Je reprend le document de travail et je commence à insérer les modifications dans l'ordre, ajouter, enlever, corriger, tout ça en suivi de modifications pour que l'éditeurice puisse reprendre le travail par la suite, parce que rien ne dit que ce sera la seule vague de correction, ahah. Je coupe, je modifie, j'insère, je tâche de ne rien oublier de ce qu'on m'a demandé, et je vérifie que chaque chapitre correspond bien à ce qui était attendu et répond à tous les éléments contestés avant de passer au suivant.

Comme je me suis mis des notes en commentaires, c'est facile pour moi de vérifier que j'ai bien rempli le cahier des charges.

Cette étape est, pour beaucoup d'auteurs, un passage difficile. La question de "sacrifier" son texte, ou un truc comme ça... j'avoue que je le ressens peu/pas. Je suis en train de peaufiner mon texte, et je ne doute pas qu'il en sorte meilleur. La question de ce que je coupe ne m'atteint pas l'égo, si tant est que le mien soit pas en position fœtale derrière une poubelle ; ça fait longtemps que je l'ai pas croisé.

En fait, c'est une constatation très simple qui me gouverne: AUCUN texte que j'ai un jour modifié a été MOINS BIEN à la fin. Les coupes et réécriture ont TOUJOURS AMÉLIORÉ le texte. Toujours.

C'est sûr que parti de là, on a moins peur de trancher dans le vif.


Fin de cette étape et avant la suivante: Relecture attentive

Une fois cette étape terminée, je fais une relecture globale du texte (Ce qui n'est pas facile, parce qu'il y a des suivi de modifications partout, des trucs raturés et d'autres réécrits, je vous jure c'est la plaie) pour vérifier que je n'ai pas de demi-phrases pas terminée ou de trucs sans verbes, n'ayant aucun sens. (Et ça arrive, plein. Surtout à cause de ce qui est détaillé dans la précédente parenthèse). Puis, je passe à l'étape 3.



Personnellement, j'y crois très fort. 
Et je ne cesse jamais d'apprendre, ni d'accepter plus de taff précisément pour cette raison. 




Troisième passage de correction: le polissage


Durée: Courte - 2 à 3 jours

Détail des corrections effectuées: Légères

C'est l'heure des corrections de finition: suppression des adverbes toujours trop nombreux, correction orthographique à l'aide de mon bêta-lecteur attitré, redécoupage des paragraphe au besoin, musicalité des phrases... on est dans l'esthétique plus que dans le travail de fond. Je prend le temps de savourer le texte et de rectifier l'assaisonnement, quoi.

Fin de cette étape et envoie: Relecture attentive

Je relis comme si j'étais lecteur et que je découvrais le texte. A ce stade, je ne fais normalement plus de grosse modifications, mais si un truc pêche, je le mets en note pour l'éditeurice, pour qu'iel sache que je ne suis pas 100% à fond sur le passage incriminé. Et puis j'envoie.

Et si ça se trouve, il y a d'autres modifs et on remettra ça. Et ce sera pas grave.

"Hâtez vous lentement, et sans perdre courage
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage
Polissez-le sans cesse et le repolissez
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez"

Nicolas Boileau



Ceci est une métaphore visuelle. 
Sa pertinence est proportionnelle à mon degré de fatigue, je vous laisse seuls juges


Conclusion

Voilà! C'est comme ça que je bosse pour effectuer des corrections de roman. Comme toujours, il s'agit de ma méthode, et pas d'une règle générale, ou d'un chemin à suivre. L'important est de trouver ce qui vous correspond.

Et dans le cadre des corrections, attention: il est possible que vous ayez besoin de faire plusieurs passages en fonction de ce qu'en pense l'éditeurice avec qui vous travaillez.

Quoi qu'il en soit, j'espère que la lecture vous a plu, et on se retrouve bientôt pour de nouvelles aventures! 


Mélanie Guyard - Andoryss