lundi 7 septembre 2020

Avis de Tempête

 Bonjour à tous!


Après vous en avoir parlé longtemps, après vous avoir détaillé le processus créatif, celui d'écriture et de correction, il est temps de vous annoncer la sortie du projet code #Tempête et de vous parler un peu plus de lui, de son essence vitale, de ce qui m'a pris aux tripes avant, pendant et après l'écriture. 

Où comment, sans le savoir, j’allais écrire un roman parlant du plus grand traumatisme de ma vie d'enfant pendant que je vivais le plus grand traumatisme de ma vie d'adulte, et sans faire le lien entre les deux événements avant d'avoir posé le point final. Des fois, l'univers sait mieux que nous comment on doit guérir, et quand. 


La première étincelle


Lorsque j'ai signé les Âmes silencieuses, mon éditrice m'a demandé si j'avais d'autres idées. J'en avais, mais rien de formalisé, et je me suis donc dépêché de pondre deux ou trois pitch, dont celui-ci: "Une mère et son fils tentent de reconstruire un équilibre familial après la mort du père. Et aussi, il y a une tempête". 

J'avais à ce stade une idée assez précise de ce que je voulais faire, un roman sur le deuil, la résilience, la culpabilité des survivants, la faillibilité des adultes, et le désir d'anéantissement qui saisit les enfants au sortir de l'enfance, justement; cette fascination du néant et cette fin de l'immortalité, vertigineuse. 

Et puis il y avait la tempête, LA tempête, en décors fantasmagorique, celle qui balaye tout, et avec qui le monde d'avant finit. Je suis de Charente Maritime, j'étais là-bas, je l'ai vécue. Pas dans l'île, c'est sûr, mais j'y étais. Unir les deux n'était pas une option, c'était une fatalité. 

Ces deux éléments centraux, je les ai tous les deux éprouvés. Contrairement au héros du roman, ils n'ont pas été simultanés dans ma vie, et je n'ai pas la même histoire que celle du petit garçon qui m'a accompagné pour l'écriture de ce roman. mais je lui ai prêté mes souvenirs, mes sentiments, et ma mémoire du vide et du vent. 

Mon éditrice, convaincue par différents éléments que je ne révèle pas pour ne pas vous spoiler, m'a donné son feu vert. J'ai fini les Âmes, travaillé à les corriger, et attendu leur sortie avec impatience... nous sommes alors fin 2018. J'ai hâte que mon premier roman sorte, et de passer à #Tempête. Mais une autre tempête, bien différente, envisageait déjà les choses autrement. 



La vraie tempête

Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais début 2019, l'apocalypse s'abat sur ma famille. Tout est balayé pour se concentrer sur une catastrophe, aussi personnelle qu’inéluctable, et j’entrevois la traversée d'un enfer, borné d'insomnies, de terreur et de larmes. Le coup de massue met plusieurs jours à être digéré, puis la guerrière vient à mon secours, et j'affronte. Mais il n'est plus question d'écrire, il est question de lutter, de traverser l'horreur et d'en ressortir vivants et victorieux. Alors j'annonce un délai, tout le monde comprend, et j'affronte. 

Lorsqu'on rencontre un ouragan en pleine mer, on est seul. Bien évidemment, la radio peut, entre deux coups de semonce, nous transmettre le message des gens qui nous aiment et qui comptent, plein d'espoirs et de soutien, mais la vérité, c'est qu'on est seul et qu'on s'évertue juste à ne pas couler avant la fin de l'ouragan. 

Et ça a pris des mois. C'était à la fois atrocement lent, et abominablement soudain, tout le temps. Nous étions en famille, et nous avons affronté ce qui s'est présenté, les échéances, les rendez-vous, les calendriers et les nouvelles qui tombaient. Et puis, heureusement nous sommes ressortis de l'autre côté.

Et j'ai cru que j'étais indemne. C'était faux. J'étais autre. 


Le trésor des naufrageurs 


Quand j'ai voulu me remettre à écrire, ma plume était pleine de toute la douleur accumulée pendant des mois. Il a fallut tâtonner, essayer de contrôler la douleur d'avant que je voulais raconter pour qu'elle ne se laisse pas teinter par les couleurs de celle, présente, qui m'accompagnait au quotidien. Et c'était compliqué, très. Pourtant, cette fois encore, je n'ai pas fait le lien. 

Petit à petit, j'ai trouvé une voie entre les deux, une voie étrange, un peu différente de celle que j'envisageais, mais qui racontait l'impuissance et la tristesse, la colère et le renoncement. Une version, puis deux, puis trois. Je suis un animal de réécriture, je me suis acharnée à trouver les bons mots, et je ne me rendais pas compte que ce faisant, je recevais plus que je ne donnais. 

Quand le roman a été fini, il est resté un nouveau vide, ce calme après la tempête. Les deux s'achevaient en même temps, et pourtant, je ne liais toujours rien, séparant ma vie et mon roman sans voir le miroir. J'avais juste un sentiment d'achèvement, mais aussi ce vertige qui saisit quand on a été très concentré pendant très longtemps et que, passant la ligne d'arrivée, on ne sait plus comment vivre après avoir tant lutté. 

J'ai soufflé, dormi, digéré le vide, rangé les armes, essayé de lutter contre la paranoïa et accepté la fin du combat. Difficilement. Et alors, dans le calme revenu, j'ai vu. 


Le premier ciel bleu après l'apocalypse


Je me souviens, c'était cette année, il y a quelques mois, au cours d'un repas avec mon éditrice, ou nous faisions le points sur le roman, la vie, les corrections, la suite. A un moment, j'ai verbalisé cette idée du premier traumatisme écrit pendant que je vivais le second. Et j'ai vu l'écho, et j'ai vu qu'elle l'avait vu avant moi, et que peut-être tout le monde l'avait vu, alors que ce n'était pas planifié, ça n'aurait jamais pu l'être. 

Et je me suis demandée comment et pourquoi j'avais pu/voulu faire ça, comment je n'avais pas décidé de séparer définitivement les deux événements au lieu de m'entêter à les vivre en même temps, et la seule réponse que j'ai trouvé, c'est que je n'aurais pas pu écrire #Tempête autrement. Parce que si je ne l'avais pas écrit à ce moment, je n'aurais plus jamais pu l'écrire. 

Depuis l'enfer, il s'en est passé des choses, et celle qui compte ici, outre que j'en ai fini avec la peur et que tout le monde va bien, c'est que je ne vis plus du tout ce premier traumatisme de mon enfance de la même façon que je le vivais avant mon drame d'adulte. Quelque chose a changé, qui était nécessaire pour écrite #Tempête et qui a disparu, désormais. Et ça non plus, ça n'était pas prémédité. 

Mais je suis contente d'entrevoir la beauté du ciel après l'obscurité. 


Voilà. J'espère que vous me pardonnerez cette note très personnelle. Je m'étais juste dit que par honnêteté intellectuelle, je me devais de vous offrir les étranges ingrédients de ce roman que je me prépare à vous livrer. Je voulais également clore une période, celle de sa gestation, qui s'est accompagnée d'une lutte si intense, injuste et inégale, mais que nous avons quand même remportée. 

Voici ce qu'il en restera. 


L'enfant des Tempêtes 



Quatrième de couverture: 

"Charente-Maritime, quelques jours avant Noël. Le cœur de Mathieu, douze ans, n'est pas à la fête. 

Incapable de supporter leur domicile et la présence de la famille après la mort de son mari, sa mère a décidé de se réfugier dans leur maison de vacances sur l'île d'Oléron. Toux deux s'y retrouvent pour une semaine face à l'océan sous l'hiver, entre culpabilité et deuil. Dans l'espoir d'endormir sa peine et son incompréhension du monde des adultes, Mathieu s'échappe de la maison dès qu'il le peut et rencontre Corentin, un garçon de son âge. Jour après jour, les deux garçons explorent la plage, les blockhaus en décrépitude et les limites de leur courage. 

Mais bientôt, Corentin pousse Mathieu à des expériences plus extrêmes et le ciel se fait de plus en plus noir. Tandis qu'une tempête sans précédent approche des côtes françaises, une autre monte en lui, bien décidée à balayer son enfance. 

Et comment peut-on affronter l'obscurité quand on a douze ans?"



Chez qui ? Les éditions du seuil

Quand ? Le 8 octobre. Un roman de l'hiver. 



J'espère que ce nouveau roman vous plaira. Moi, il représentera pour toujours ma transformation, que j'aurais vécu sans jamais le réaliser en même temps que mon héros, si fragile et déterminé. 




A bientôt




Mélanie Guyard - Andoryss 

jeudi 21 mai 2020

Original Character : OC Meme

Bonjour à tous!

L'ami Lionel Davoust a récemment participé, sur une idée originale de Rozenn Illiano, au OC meme Challenge (appelons-le comme ça). J'ai adoré lire ses réponses; j'ai eu également envie de réfléchir à la question. Après moult tergiversations, voilà le résultat!





01 - Jo (Chicago – roman non publié) – Elle s’appelle tout d’abord Natacha, et tourne longtemps en boucle dans ma tête avant de trouver son nom complet. Je l’ai créée autour de l’âge de 8 ans. Elle possédait déjà la clef.

02 - Syl (Exhumation – nouvelle de commande) – Créée pour une nouvelle, Syl est une excavatrice. Je la voulais casse-cou et professionnelle, elle est taiseuse et empathe. Ils ne font jamais ce que je veux...

03 - Jo (Chicago - roman non publié) – Que dire ? C’est la moitié de moi, la raison qui me fait me relever quand je doute, celle qui s’éveille dans la tourmente pour fracasser les murailles. Elle est celle qui compte le plus.

04 – Comme je fais de la BD, je ne vais pas me priver ici d’aller puiser dans ce terreau. Je dirais que de tous les personnages que j’ai créé, celui qui a le design le plus top, c’est North (Les enfants d’Evernight – éditions Delcourt, éditions Castelmore). Entre les cornes, les yeux de chats, les costumes trois pièces et la sucette entre les dents, c’est mon chouchou. Mais Maximilien, de la même oeuvre, se bat bien aussi. 





Design de Marc yang



05 – L’insomnie. Je dors très mal, j’ai notamment de gros problème d’endormissement. Une des meilleures façons de m’endormir est de créer un lieu, puis un personnage, de le lâcher dans la nature et de voir ce qu’il fait. Je m’endors souvent avant que ce soit intéressant, mais ça me donne l’occasion de réexplorer son univers le lendemain, et les nuits suivantes, jusqu’à avoir un truc qui tienne la route et me plaise (ou que je laisse tomber pour autre chose)

06 – « Je te vois. Et maintenant, dis-moi qui tu es et ce que tu veux. »

07 – Non, ça ne m’est jamais arrivé. Parfois, je découvre certains liens des années après qu’ils ont sauté à la gueule de mes lecteurs, mais ce sont des liens présents entre des personnages d’un même projet/environnement.

08 – Jo et Jon, forcément (Chicago - roman non publié). Le second sur le podium est aussi dans cette œuvre, et c’est assez fort de café de penser que malgré le fait qu’ils sont mes tandems préférés, c’est pas exactement des duos nourris d’amour et d’eau fraîche (plutôt de semi-automatiques et de café italien).



Croquis de Jonathan, fait quelque part au début des années 2000
A peu près l'unique dessin de mes persos qui ait été à peu près à la hauteur de ce que je visualise



09 – Tolen (Le Sang - roman non publié). En l’écrivant, je suis perpétuellement en train de me demander s’il est très con, très intelligent, complètement taré ou s’il se fout juste de ma gueule (et de celle des autres persos dans la foulée). Jamais vu un personnage aussi, disons, incontrôlable.

10 – Richard Brown (Chicago - roman non publié). Sans remuer le petit doigt, puisque quand le roman commence, il est mort depuis plus d’un an. ^^’ C'est d'autant plus facile de le nommer méchant en chef que, d'une manière générale, je n'aime pas les personnages de méchants et n'ait que des opposants aux raisons propres et intérêts parfois louables, mais en conflits avec ceux du lead character. 

11 – C’est eux qui sont méchants avec moi ! Ils ne font rien de ce que je veux !

12 – Pas de spoiler, bien évidemment, mais le personnage que j’ai tué et qui m’a le plus marqué dans sa mort était un personnage du Cercle (Comic fabric, éditions Delcourt).




Le Cercle, Tome 1: Your True Colors
Dessins de Nesskain - éditions Delcourt



13 – Heloïse (Les Âmes silencieuses – éditions du Seuil), et si cette parentalité est très peu discutée dans le roman, elle flotte au-dessus des personnages, à la fois cause et conséquence de tout le reste.

14 – Muet (L’odyssée d’Octobre - roman non publié). J’ai commencé à écrire son périple il y a 5 ans… et c’est systématiquement son projet qui retombe dans les limbes quand je cède à la pression des deadlines…

15 – Matéo (Le Passageur – éditions Lynks). C’est un personnage à la fois si fragile et si résilient que le manipuler au milieu des évènements, c’est de la mécanique de précision. Toujours à deux doigts d’être brisé, il encaisse pourtant sans sourciller certaines situations abominables.

16 – Le plus grand est sans conteste Mac Claw (Les enfants d’Evernight – éditions Delcourt, éditions Castelmore) un tigre de plus de trois mètres de haut, et le plus petit est Pois (L’odyssée d’octobre - roman non publié), un très jeune souriceau.

17 – Le plus vieux, est Mathias, le Maître du Temps (Les enfants d’Evernight– éditions Delcourt, éditions Castelmore). Bien qu’il ait une apparence d’éternel adolescent, il est âgé de plusieurs centaines (milliers ?) d’années… Le plus jeune, c’est sans doute également Pois (L’odyssée d’octobre - roman non publié).




18 – Corentin (L’enfant des Tempêtes – à paraître, éditions du Seuil). Fut un temps où je l’ai aimé, pourtant, avant qu’il existe, avant que je ne l’écrive, et avant qu’il ne porte ce nom. Mais le temps dissipe les illusions.

19 – Mathieu (L’enfant des Tempêtes – à paraître, éditions du Seuil). Bien qu’il n’ait pas été originellement créé pour prendre autant de moi, il s’est nourri de quelque chose qui dormait dans mes entrailles depuis des dizaines d’années. Je suis bien contente qu’il ait emmené avec lui toutes ces choses oubliées.

20 – Loreleï (Le Cercle, Comic fabric, éditions Delcourt). Ce personnage avait à l’origine sa propre histoire, sombre et corrosive. Les gens qui ont lu Le Cercle en ont eu un aperçu, mais je regrette très fort de ne pas avoir pu développer tout son univers et son potentiel.



Lorelei, donc. 
Dessins de Nesskain - éditions Delcourt


21 – Typhon (Le Soufflevent – éditions Delcourt) Sidekick cérébral et poilu, Typhon est un chat ailé. Entouré de Coline et Sacha, deux impulsifs ingérables, il représentait le médiateur essentiel, la partie raisonnable du trio, qui agit posément et prend le temps de réfléchir avant de tout casser. Je ne m’attendais pas à ce que, pour les lecteurs, il devienne un personnage à part entière. Mais devant son succès et mon aisance à l’écrire, j’ai pu développer une trame rien que pour lui au cours des volumes suivants de la BD. 

22 – Loïc (Les Âmes silencieuses – éditions du Seuil). Je ne m’attendais pas à l’aimer, pas même à le trouver attachant ; je le voulais insupportable de certitudes et de sarcasmes, parfaitement imbuvable avec le commun des mortels et aimant à piétiner les convenances sociales comme d’autres les colonies de fourmis. Je voulais qu’il soit tellement à côté de sa vie qu’il morde tout ce qui pouvait sembler vivant autour de lui. Mais au lieu de ça, il m’a fait rire, il a révélé des failles, je l’ai compris, et il a gagné en douceur et en attachement, avec moi et les autres personnages. C’était chouette de le découvrir, et la place qu’il a pris dans le roman était celle qui lui revenait.


Voilà pour ce petit jeu, et parfois, ça a été difficile de nommer un personnage plutôt qu'un autre! Je pense que certains éléments de cette liste seront amené à varier au court du temps, avec l'apparition de nouveaux personnages et le lent effacement des projets achevés... peut-être. Ou peut être pas, on verra! 
C'était amusant à faire en tout cas. 
On se retrouve bientôt pour d'autres nouvelles. 

Mélanie Guyard - Andoryss








jeudi 7 mai 2020

Biographie d'une playlist - La musique de #Tempêtes

Bonjour à tous!


Oui, je sais, on ne m'arrête plus. Donc hier soir, j'étais en Live sur Instagram sur le profil des éditions Lynks avec ma merveilleuse agente Roxane Edouard et on en est venu, à un moment, à parler playlist d'écriture. Un.e spectateurice a alors dit qu'iel aimerait bien avoir la playlist de mes romans, pour l'écouter en lisant, parce qu'iel avait eu l'occasion de le faire pour d'autres romans et que c'était chouette. Du coup, je me suis dit, pourquoi pas? Dorénavant, à chaque projet achevé, vous aurez ici la playslist de travail utilisé pendant sa réalisation. Et on commence bien évidement par #Tempêtes, puisque c'est le roman qui a été achevé le plus récemment! Mais avant... 




Pourquoi écrire en musique? 


J'avais déjà détaillé tout bien le pourquoi du comment j'aimais écrire en musique et c'était devenu essentiel pour moi dans cette note de blog du passé qui resurgit. Néanmoins, et pour la faire courte: la musique est un raccourci (oui, comme dans l'Architective pour ceux qui l'ont lu).

Une playlist d'écriture est un raccourci mental et émotionnel entre le monde réel et le projet auquel elle correspond, quand elle fonctionne. Si la playlist est adaptée et si elle n'enclenche pas de parasitage cérébral (pas/peu de paroles, ou alors incompréhensibles, c'est mieux si on veut pas sortir de l'écriture en cours parce que tout à coup on prête attention à ce qui se dit. Même si ça dépend des projet. détail en dessous), alors elle immerge immédiatement dans le projet auquel elle est rattachée. 

Dans mon cas, mettre la musique d'un projet sur lequel je travaille me fait gagner un temps fou de "mise en route". Impossible depuis que j'utilise cette méthode de caler au démarrage, et ça me permet de passer du point 0 à ma vitesse de croisière d'écriture en quelques minutes. 

Une bonne playlist devient alors la condition sine qua non d'une immersion réussie. C'est la bande son de mon film intérieur, et de la même façon que si je me mets à fredonner la marche impériale votre cerveau va vous envoyer Vador qui marche dans un couloir de l'étoile de la mort, ma playlist me propulse dans mon univers plus efficacement que n'importe quelle méditation pré-écriture ou tasse de thé de mise en condition. 

Bien évidemment, je ne vous parle que de mon cas personnel: vous avez tout à fait le droit de vouloir écrire dans le silence le plus parfait. 





Quel type de musique ? 

Alors ça aussi, je l'avais tout bien détaillé dans cette note de blog du passé qui resurgit, mais pour vous la faire courte, ça dépend vachement des projets. Comme je le disais la dernière fois, on ne se met pas une musique de grosse fantasy qui tâche pour écrire un drame intimiste dans la France du 19ème siècle: votre immersion a de grandes chance de rater. 

Pour la faire courte, sachez d'avance quelle ambiance vous recherchez, et travaillez par mots-clefs: mélancolique, contemplatif, tension, cyberpunk, space opéra, celtique... tâchez d'évaluer en avance ce dont vous avez besoin, et chercher les musiques que vous connaissez déjà qui répondent à ces impératifs. La plupart du temps, dans mon cas, je commence ma playlist avec des ost (original soundtrack) de jeux vidéos ou de films qui m'évoquent mon projet. Par exemple, travailler avec la bande original de The Foutain pour l'Architective, ou celle de Skyrim pour des projets en pleine nature, comme Odyssée

Créez la musique de votre monde intérieur demandera du temps, mais cela peut aussi être fait au fur et à mesure. l'important, c'est qu'elle colle au projet. 

Ainsi, comme je le disais, j'utilise très peu de musique à paroles pour mon travail. il y a une exception, mais de taille: la bande originale que j'utilise pour ma saga d'e mafia est pratiquement composée uniquement de chanson de pop-rock au goût parfois discutables, mais qui collent à l'univers et qui correspondent à certains personnages, comme Jo, Frank, Jonathan bien évidemment, et les relations que les uns entretiennent avec les autres

Cette playlist-là ne ressemble guère aux autres, mais c'est à vous de voir de quoi vous avez besoin, et de vous adapter en fonction. Il n'y a pas d'autres règles que celles que vous vous fixez.


*soupir*


Créer sa playlist

Pour ma part, créer une playlist commence toujours par écouter un morceau en boucle sur Youtube. 

Puis, une fois que je suis bien persuadée que c'est de ça dont j'ai envie, je me mets à cliquer sur les propositions de liens à droite, et j'ajoute au fur et à mesure les musiques qui collent. Cette méthode, associée au libre défilement de Youtube, me permet d'accéder à des morceaux que je ne connaissais pas avant et qui fonctionnent pour le roman que j'écris.

Parfois également, une scène du livre me fait penser à un film, et dans ce cas, je vais voir si certains morceaux de la BO de ce film ne fonctionneraient pas avec les autres. Si c'est le cas, je les ajoute. 

Au fur et à mesure que le roman se développe sa bande son s'enrichit ainsi. Dans le dossier où le roman est enregistré, un sous-dossier contient sa bande original, composée de tous les morceaux glanés à droite à gauche. Et moi, quand je commence à écrire, je me lance ma playlist en aléatoire, et en endless. Voilà, ce n'est pas plus compliqué que ça. 




Playlist de Tempêtes

Le premier morceau de #tempête a été On the nature of daylight



Ce morceau a été écouté en boucle tout seul pendant la rédaction des premiers chapitres, quand je cherchais encore la voix(e) du roman. Puis, par la suite, il s'est enrichi de quelques autres morceaux du même auteur, Max Richter

  • Max Richter - On the Nature of Daylight
  • Max Richter - The departure
  • Max Richter - Meeting again
  • Max Richter - Dream 3 - On the midst of my life

A partir de là, je suis aller chercher d'autres musiques de ce type en laissant défiler les suggestions de youtube ou en cliquant sur les illustrations inspirantes qui s'y trouvaient et, une découverte en amenant une autre, j'ai fini par compiler une playlist suffisante à peu près aux alentours du chapitre 6 de la première version de rédactions. Par la suite elle a très peu bougé. 

Voici la playlist complète qui m'a servie à rédiger #Tempêtes. Par ordre alphabétique: 




Soit une playlist d'environ 3 heures 30, pour des sessions d'écriture pratiquement systématiquement inférieures.  Le côté endless et shuffle me permet d'être dans mon roman et de perdre la notion de musique, qui passe alors au second plan et accompagne l'écriture naturellement, comme un bruit sonore qui facilite les émotions. 

Je ne sais pas si vous apprécierez de lire #tempêtes avec sa bande originale, mais ce que je pense, c'est qu'on peut se faire une bonne idée du contenu du roman en écoutant la musique, au moins du point de vue du ressenti.

J'espère que cette petite note vous a plus et tant qu'à faire, j'espère vous avoir aussi fait découvrir un ou deux bon morceau de musique. ;)

A très bientôt

Mélanie Guyard - Andoryss



mardi 5 mai 2020

Biographie d'une correction - Analyse de la phase d'éditing de #Tempêtes

Bonjour à tous!

On remet ça? Puisque ça intéresse toujours quelques uns d’entre-vous, je vais vous détailler mon travail sur les correction/éditing d'un roman. Donc, je vous ai laissé à la fin du précédent article avec votre roman parti en bêta-lecture et en lecture chez votre éditeur. Nous allons voir ici ce qui se passe une fois que vous avez obtenus des retours sur le roman, et comment, dans mon cas, je fais pour compiler l'ensemble. Mais d'abord, commençons par quelques chiffres.
Pour #Tempêtes, voici ce qui ressort: 


Temporalité: 
Envoi du manuscrit: 12 avril
Début des retours: 13 avril
Retour édito: 20 avril
Fin des retours fixés en fonction de la fin des corrections
Début des corrections: 21 avril
Fin des corrections: 3 mai


Lectorat: 
 Pour #Tempête, j'avais 27 bêtas lecteurs (je tiens une liste pour offrir le roman à sa sortie) et j'ai reçu 14 retours, soit un peu plus de 50%.
Il y avait 
- 21 lecteurs types
- 5 lecteurs correcteurs
- 1 lecteur spécifique

  • Les lecteurs types sont des lecteurs qui lisent pour le plaisir et dont je n'attends rien de plus que l'avis global de fin de lecture. Ce sont généralement des amis, de la famille, et des collègues profs de français ou d'autre chose. 
  • 8 retours sur 21 envois
  • Les lecteurs-correcteurs sont des bêtas-lecteurs/éditeur/agent, des personnes qui vont me faire un retour détaillé dans le corps de texte, avec des annotations, des remarques et des corrections intégrées. 
  • 5 retours sur 5 envois
  • Le lecteur spécifique n'est pas obligatoire; ça dépend des romans. Les Âmes avaient été relus par des historiens. Ici, mon relecteur spécifique était un pédopsychiatre.  
  • 1 retour sur 1 envoi





Les retours des lecteurs types me servent surtout à prendre la température du lectorat. Qu'est-ce qui n'est pas compris, qu'est-ce qui est chiant comme la mort, qu'est-ce qui est long/court/incompréhensible/super, etc... C'est un avis précieux qui me sert par exemple à anticiper l’accueil du roman au grand public. Par exemple, je sais déjà qu'il est probable que Tempête parle moins aux gens que les Âmes. So be it.

Les lecteurs correcteurs ont un rôle plus actifs dans mon retravail. Tous ou presque fournissent une versions annotée du roman, ou en tout cas, un version commentée selon les points qui ont posé problèmes. Chacun à sa spécialité ; c'est pour ça qu'ils sont si nombreux: celui qui édite et qui, du coup, a raison (Si. Et ceci n'est PAS de l'ironie), ceux qui fonctionnent au ressenti, les Grands Maîtres de l'Orthographe, les logiques, les pointilleux... ce sont des gens que je connais bien et avec qui je travaille -presque- systématiquement. Leur retour à eux va me servir pour le travail effectif détaillé ci-dessous.


Exemple de retour de lecture de ma relectrice principale, louée soit son nom. 


Le lecteur spécifique, c'est particulier. Son rôle est de confirmer/infirmer ma vision d'un aspect précis de l'histoire. Ici, c'était la psychologie profonde du narrateur, qui est disséquée pour l'occasion. Il a tout validé et a même trouvé ça inspirant, j'ai fait des bonds partout. Je le remercie du fond du cœur d'ailleurs. Ce retour précis sert surtout la véracité du récit, et aussi la confiance de l'auteur quand il devra défendre son bébé.

Une fois que j'ai reçu la version annotée de l'éditeur, je peux passer au corrections. Par contre, même si d'autres relecteurs ont fini avant, je ne commence jamais à corriger avant d'avoir reçu la version de l'éditeur. 

Imaginez que vous modifiez un truc et que l'éditeur ne voulait pas, c'est autant de travail inutile. Votre temps est précieux. Soyez ordonné, et correction bien ordonnée commence par l'éditeur.




En vrai, il m'arrive de dire non à une modif, hein. 
On verra ça plus loin. 




Premier passage de correction: la surface

Durée: Courte - 2 jours

Détail des corrections effectuées: Légères

La première phase s'effectue sur le document envoyé par l'éditeur qui, à partir de maintenant, sera le document de travail. Sur ce document, l'éditeur note des informations/corrections/modifications en commentaires. Je passe rapidement d'un commentaire au suivant, et je mets en note les commentaires qui me viennent et qui correspondent à la situation. Oui, non, discussion. Cela me permettra de lister de ce que j'ai à faire à l'étape 2. 

A ce stade, je ne modifie pas le texte, ou très peu, si j'ai une fulgurance. Sinon, je me contente de mettre mes commentaires. Je vous ai mis quelques photos d'illustrations, concernant mes échanges avec ma merveilleuse éditrice à moi que j'ai. 



90% de mes réponses


2% de mes réponses



7% de mes réponses



1% de mes réponses, mais ça reste mes préférées. <3 




Cette relecture sert à me replonger dans le texte, d'abord, me remettre dans l'ambiance et mes personnages, et aussi à avoir une vue d'ensemble du chantier. J'ai également en tête, à ce stade, ce que les lecteurs les plus précoces m'ont envoyé, et ça me permet de voir les convergences/divergences. Voici comment je réagis aux différentes situations:
  • en cas de convergences des lecteurs avec l'éditeur: ils ont raison, j'abdique. 
  • éditeur seul: éditeur a raison si je suis globalement d'accord, sinon on discute (un peu)
  • plusieurs lecteurs: lecteur a raison ou on discute (un peu)
  • lecteur seul: je tranche seule. 


Fin de cette étape et avant la suivante: Discussion et to-do list. 

A la fin de cette étape, je discute avec les lecteurs avec qui j'ai besoin de discuter, et surtout, je discute beaucoup avec mon éditeurice. C'est là que ce négocient les changements qui vont avoir lieux, l'orientation du texte, la subtilité des modifications et les morceaux à enlever/ajouter. 

Ces différentes discussions me permettent d'y voir clair dans tout ce que j'ai à faire, et à la suite de ces interactions, je me dresse une to-do list de travail que vous trouverez, pour Tempêtes, en photo ci-dessous. A ce stade, je suis prête à passer à l'étape 2



Ici n'apparaissent que les modifications que j'ai décidé de suivre! 
C'est mon pense bête de travail. je coche ce que j'ai fait au fur et à mesure. 




Second passage de correction: le gros-oeuvre

Durée: Longue - 8 jours


Détail des corrections effectuées: Lourdes

C'est la vraie grosse étape de correction. Je reprend le document de travail et je commence à insérer les modifications dans l'ordre, ajouter, enlever, corriger, tout ça en suivi de modifications pour que l'éditeurice puisse reprendre le travail par la suite, parce que rien ne dit que ce sera la seule vague de correction, ahah. Je coupe, je modifie, j'insère, je tâche de ne rien oublier de ce qu'on m'a demandé, et je vérifie que chaque chapitre correspond bien à ce qui était attendu et répond à tous les éléments contestés avant de passer au suivant.

Comme je me suis mis des notes en commentaires, c'est facile pour moi de vérifier que j'ai bien rempli le cahier des charges.

Cette étape est, pour beaucoup d'auteurs, un passage difficile. La question de "sacrifier" son texte, ou un truc comme ça... j'avoue que je le ressens peu/pas. Je suis en train de peaufiner mon texte, et je ne doute pas qu'il en sorte meilleur. La question de ce que je coupe ne m'atteint pas l'égo, si tant est que le mien soit pas en position fœtale derrière une poubelle ; ça fait longtemps que je l'ai pas croisé.

En fait, c'est une constatation très simple qui me gouverne: AUCUN texte que j'ai un jour modifié a été MOINS BIEN à la fin. Les coupes et réécriture ont TOUJOURS AMÉLIORÉ le texte. Toujours.

C'est sûr que parti de là, on a moins peur de trancher dans le vif.


Fin de cette étape et avant la suivante: Relecture attentive

Une fois cette étape terminée, je fais une relecture globale du texte (Ce qui n'est pas facile, parce qu'il y a des suivi de modifications partout, des trucs raturés et d'autres réécrits, je vous jure c'est la plaie) pour vérifier que je n'ai pas de demi-phrases pas terminée ou de trucs sans verbes, n'ayant aucun sens. (Et ça arrive, plein. Surtout à cause de ce qui est détaillé dans la précédente parenthèse). Puis, je passe à l'étape 3.



Personnellement, j'y crois très fort. 
Et je ne cesse jamais d'apprendre, ni d'accepter plus de taff précisément pour cette raison. 




Troisième passage de correction: le polissage


Durée: Courte - 2 à 3 jours

Détail des corrections effectuées: Légères

C'est l'heure des corrections de finition: suppression des adverbes toujours trop nombreux, correction orthographique à l'aide de mon bêta-lecteur attitré, redécoupage des paragraphe au besoin, musicalité des phrases... on est dans l'esthétique plus que dans le travail de fond. Je prend le temps de savourer le texte et de rectifier l'assaisonnement, quoi.

Fin de cette étape et envoie: Relecture attentive

Je relis comme si j'étais lecteur et que je découvrais le texte. A ce stade, je ne fais normalement plus de grosse modifications, mais si un truc pêche, je le mets en note pour l'éditeurice, pour qu'iel sache que je ne suis pas 100% à fond sur le passage incriminé. Et puis j'envoie.

Et si ça se trouve, il y a d'autres modifs et on remettra ça. Et ce sera pas grave.

"Hâtez vous lentement, et sans perdre courage
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage
Polissez-le sans cesse et le repolissez
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez"

Nicolas Boileau



Ceci est une métaphore visuelle. 
Sa pertinence est proportionnelle à mon degré de fatigue, je vous laisse seuls juges


Conclusion

Voilà! C'est comme ça que je bosse pour effectuer des corrections de roman. Comme toujours, il s'agit de ma méthode, et pas d'une règle générale, ou d'un chemin à suivre. L'important est de trouver ce qui vous correspond.

Et dans le cadre des corrections, attention: il est possible que vous ayez besoin de faire plusieurs passages en fonction de ce qu'en pense l'éditeurice avec qui vous travaillez.

Quoi qu'il en soit, j'espère que la lecture vous a plu, et on se retrouve bientôt pour de nouvelles aventures! 


Mélanie Guyard - Andoryss



jeudi 9 avril 2020

Biographie d'un roman - Analyse de la création de #Tempêtes

Bonjour à tous!

Mon estimé collègue et ami Mathieu Gabella  m'ayant demandé comment diable je m'y prenais pour écrire un roman, alors même que je venais d'annoncer que j'avais fini l'écriture de #Tempêtes, je vous propose ici une petite chronique d'écriture, sur les différentes étapes que j'ai suivi, et que je suis plus ou moins à chaque fois, parce que c'est ce qui me convient. Mais comme pour tout en écriture, il n'y a pas UNE méthode, juste celle qui vous va, donc prenez ce qui vous sert, et j'espère que cette lecture vous plaira. 

#Tempêtes, pour situer le contexte, est un projet de littérature blanche adulte destiné au Seuil, qui avait déjà publié les Âmes silencieuses en mai dernier. Je vous en avait déjà un peu parlé, notamment en août de l'année passée, ici, quand l'approche de la phase d'écriture se précisait. Voici ce que j'en disais alors: 

"Il y est question d'hiver, de vagues, d'obscurité des profondeurs, de bétons et de cœurs, de Noël et de vent, de solitude et d'amitié, de tempêtes et de terreurs. C'est un roman autour de la reconstruction familiale après le deuil, dans une île d'Oléron d'apocalypse. J'espère qu'il vous plaira. Vous pourrez suivre son avancé dans le What's up, ou bien sur la page Facebook, sous le nom de code #Tempêtes."



Moodboard, toujours



Bon, il a coulé de l'eau sous les ponts depuis, et le roman s'est finalement achevé hier, pour une deadline initiale prévue bien plus tôt mais glorieusement sacrifiée sur l'autel des aléas de la vie. Je vais ici tenter de retracer les dates essentiels, les outils mis en oeuvre et les différentes étapes de l'écriture, afin que vous puissiez, le temps d'un post, vous mettre dans mes chaussures. En avant! 


Avant-propos


Introduction - Définition du projet

C'est un projet de littérature générale, initié au moment de la publication des Âmes silencieuses et déterminé comme étant mon "prochain projet".

Temporalité: 
Idée originale: Décembre 2018
Début de rédaction initialement prévu: Mars 2019
Début de rédaction réel: Septembre 2019
Fin de rédaction: Avril 2020
Date de parution envisagée: Automne 2020

Outils: 
Papier, carnet et crayons, plein, pour les prises de notes de départs. Pour la rédaction, Word. Je sais que ça fait des siècles que je suis censée passer à Scrivener pour la rédaction, mais le temps à dépenser pour la maîtrise de ce nouvel outil ne s'est pas encore présenté à moi...

Recherches: 
Le roman parle de lieux et de situations que je connais bien, néanmoins, j'ai effectué des recherches sur le sujet, en me rendant sur place et en faisant appel au Grand Dieu Internet. Comme les recherches, je n'aime pas ça, il faut savoir que je les ai faites au fur et à mesure des besoins, que Google Map a beaucoup aidé, et qu'elles n'ont aucunement précédé l'écriture, mais ont été conjointes.
Les sources sont donc:
- ma mémoire
- ma mère
- Internet
- ma mère
- la carte IGPN d'Oléron
- ce site merveilleux: https://maree.shom.fr/
- encore ma mère
- les habitants de l'île, amoureusement réunis grâce à la formidable Librairie des Perthuis
- le site de l'INA.

Horaires: 
Pas vraiment fléchés. En période scolaire normale, le lundi et le vendredi sont dédiés à l'écriture. J'en retire généralement 4 à 6 heures de travail effectif.
En période de vacances, confinement, etc, j'écris quand je peux. Le soir, après le coucher de mon mini-moi, pendant la sieste quand elle daigne en faire une, quand ma moitié s'en occupe... je me ménage AU MOINS une plage horaire par jour. Que j'utilise, ou pas, mais qui est là au cas où.

Rythme:  
Le Nanowrimo a changé ma vie. Je fais à peu près 1200 mots/demi-heure quand je suis à fond, 800 quand je traîne. J'écris au kilomètre, quitte à effacer/refaire douze millions de fois. Je ne reste JAMAIS à ne rien écrire devant mon doc. La page blanche n'existe pas.
J'ai des phases difficiles, comme tout le monde, et des phases boulimiques, à 8000 mots/jours. Faut s'écouter, mais essayer même quand ça rame. En tout cas, c'est ce que je fais.

Routine d'écriture:  
Si je débute un nouveau chapitre, je relis le précédent. Si je prends en cours, je relis le début. C'est tout. Et je fais un thé, sinon.

Méthode:  
Mon écriture est TOUJOURS chronologique, sauf en cas de prologue/épilogue qui sont souvent écrits à part, à un autre moment qu'au début/à la fin.
Si je heurte un cul de sac, je recule jusqu'à la dernière scène dont je suis certaine, et je refais tout. Je suis la Pénélope d'Ulysse, je détricote beaucoup.

C'est bon, on y va?



En avant! 


Genèse - avant l'écriture

Idée source

L'idée source est ancienne et le pitch est en gros: "Un enfant et sa mère dans une île tentent de reconstruire une unité familiale après un deuil soudain. Et aussi, c'est Noël, et il y a une tempête". 

Cette idée, je la saisis quand il faut que je détermine un nouveau projet après les Âmes à soumettre au Seuil. Nous sommes en décembre 2018. J'entreprends de la creuser. 


Creuser son idée

Pour moi, ça correspond à répondre à un certain nombre de questions essentielles: 

POUR LE TEXTE
- qui est le narrateur? 
- où est-ce que ça se passe? 
- quand est-ce que ça se passe? 
- qui sont les autres personnages? 
- qu'est-ce que ça raconte? 
- quels sont les événements clés, les moments marquants, les plot-points? 
- comment ça se termine? 
- qu'est-ce que ça signifie, pour le narrateur, cette histoire? 

POUR MOI
- quelle est l'ambiance?
- qu'est-ce que je veux ressentir/faire ressentir? 
- quel est le ton? 
- quel est le volume de mots envisagé? 
- comment je veux raconter ça? 

Une fois que je suis satisfaite, et que mon idée ressemble à une belle pâte bien ferme qui fera un beau pain, que je n'ai négligé aucune question et que je sais exactement ce que contient la marchandise, plop, synopsis. 


Synopsis - 1 à 2 pages

Il s'agit bien d'un synopsis complet, factuel, ordonné, des événements qui vont se succéder dans le bouquin. C'est ce que je ferai qui ressemblera le plus à un plan avant de me lancer. Je vais de ma situation initiale A aux différentes péripéties qui animent le corps de texte B jusqu'à ma situation finale C. On reviendra sur B, comme Bâtard, qui est une étape où ahahahahaha je ne fais JAMAIS ce que j'ai écrit dans le synopsis, et où, généralement, je réécris 12 fois tous les chapitres concernés. Mais n'empêche que le synopsis, je le fais. L'éditrice me dit oui/non/autre, et je lance la moulinette. 


La moulinette - à la louche, bien 2 mois en ce qui me concerne. 

Sauf pour les Âmes, qui sont venu entières, mais sinon, on infuse. C'est la moulinette, parce que le cerveau mouline en continue, étire la pâte, la plie, la replie, la triture, fait des boulinettes avec, les réintègre ou les jette... bref, je cogite. Pendant cette période, je définis: 

POUR LE TEXTE
- Nom, âge, apparence, famille, caractéristiques des personnages 
- Lieux, dates, décors, éléments de contexte
- Succession chronologique des chapitres qui volera en éclat en cours de route et c'est pas grave

POUR MOI
- Mon style. Je teste, je tâtonne, j’affûte, je définis ce qui coule le mieux. 
- Ma playlist. Quoi? j'écris en musique, et j'ai besoin d'avoir ma musique d'ambiance avant d'écrire. Donc pendant que je mouline, je teste sur YT, et je récupère ce dont j'ai besoin pour me faire un petite playlist qui va bien. Ci-dessous, le premier titre à avoir rejoint la playlist de #Tempêtes. 




Gai, riant, léger. 




L'étape de la moulinette peut-être très longue, parce que ce qui paraissait simple et défini au départ peut donner lieu à des allers-retours selon ce qu'on définit après. Par exemple pour les Âmes, l'écriture de l'arbre généalogique m'avait forcé à revoir l'âge des personnages impliqués, et à choisir si je racontais sur 2, 3 ou 4 générations. Ici, il y a eu quelques allers-retours, mais rien de transcendant. Le temps perdu ne l'a pas été sur la moulinette mais sur les aléas de la vie du dehors qui a œuvré très fort pour que ce roman soit retardé. Si si.

Il ne faut pas hésiter à prendre son temps, cependant. Tant que rien n'est fixe, que les billes ne sont pas tombé au bon endroit et que ça n'a pas fait clic, on mouline. Et tant qu'on mouline, on n'écrit pas. Il est impératif de laisser tout retomber au bon endroit avant de se lancer, sinon les bases sont instables, et on risque de se créer de futurs problèmes, qui feront douter de TOUT au moment de l'écriture.
Donc, il n'y a que quand vous ne voyez PLUS RIEN à ajouter aux éléments de décors et de personnages, que vos marionnettes sont rutilantes et votre décors, parfait, que vous pouvez envoyer. Comme ça, quand vous rencontrerez des difficulté à l'étape B comme Bâtard, parce qu'en ce qui me concerne, ça arrive chaque F***ING TIME, vous réfléchirez structure en paix, sans renverser les fondations et la table dans la foulée.

A ce stade, vous êtes sûr de ce que vous voulez écrire et comment.

Dites-vous quand même que ça PEUT (spoiler: va) CHANGER. Et ce ne sera pas grave. On respire, on y va.






Premier jet - pendant l'écriture


Choisissez un logiciel qui vous convient, et que vous maîtrisez. ne vous rajoutez pas des difficultés, pitié... si vous voulez maîtriser un nouveau logiciel, faites-le sur un roman que vous avez DEJA ECRIT et que vous voulez réécrire. Vraiment. Et maintenant, en route.


Phase A: Mise en place, situation initiale

Mettez votre document en forme, numérotation, police, typo Normale et pied de page, la totale. Quand on veut créer un truc, on range l'atelier avant de commencer.

Normalement, vous êtes au stade ou vous avez ENVIE d'écrire. Après le passage de la moulinette, le roman existe dans votre tête et vous avez envie de le voir en vrai, de l'écrire, parce que ça va être super et que du coup, on a hâte. les premiers chapitres sont généralement faciles et riant. Deux éléments cependant:

- Vous pouvez rencontrer des doutes sur le style que vous avez choisi: temps (passé/présent), personne (je/il), point de vue... pas de panique:  on teste sur quelque page et si c'est bancal, on essaie autre chose. On est là pour tester et trouver la voie/voix qui va bien.

-Vous pouvez insérer des scènes/pas démarrer là où vous aviez prévu. Aucune importance: c'est quand on se met à écrire qu'on se confronte au plan qu'on avait fait dans notre tête, c'est normal qu'il évolue. On n'est pas obligé de remettre en question tout le reste.

Ces deux éléments réglés, tout va rouler, normalement. Ne vous forcez pas à avancer tant que vous n'avez pas ce début qui coule de source, où c'est stable, et où vous avez le style et le départ. Quand vous avez ça, le premier tiers, je dirais, coule tout seul. Jusqu'à la première péripétie un peu épineuse, à peu près.

Pour #Tempêtes: chapitres 1 à 7
Septembre 2019 - Décembre 2019

Deux changements de temporalité et de voix, + un changement structurel.


Phase B comme Bâtard: Milieu, corps de texte. Erase/Rewind

C'est LA phase terrible, chez moi. Celle où je sais à peu près ce que je veux, mais où le COMMENT est flottant. J'ai la locomotive et le waggon de queue, mais l'ordre dans lequel je veux attacher les autres, ça!

Généralement, je n'ai pas écrit en phase A exactement ce que j'avais prévu, mais bien ce que je voulais. J'ai mis du temps à trouver mon style, et ma voix. Du coup, la phase B telle que je l'avais pensée est déjà bancale. Mais ce n'est pas grave, j'ai une poignée de chapitre, si ça a été laborieux de 1 à 3 les quatre derniers ont roulé tout seuls, je suis à fond, je poursuis.

Las! Assez rapidement, je rencontre le premier écueil. Au bout de quelques chapitres, je sens que je fais fausse route. Et là, une seule solution s'impose: on revient en arrière et on recommence. En ce qui me concerne: PLEIN DE FOIS. Je garde une trace, que je vous transcris par conséquent fidèlement ci-dessous.

Pour #Tempêtes: chapitres 7 à 16
Décembre 2019 - Avril 2019

Six versions, trouze millions de réécritures et de réagencement de scènes à l'aide d'une armée de post-its tombés pour la cause.


  • Tempêtes 2.0: arrêt au chapitre 10, retour au 6, réécriture. - 2 ou 3 bricoles flottantes, rien de grave, je vais y arriver. 

  • Tempêtes 2.5: arrêt au chapitre 13, retour au 6, réécriture. - Bon, non, ça ne marche pas. On réessaie. 


  • Tempêtes 3.0: arrêt au chapitre 10, retour au 8, réécriture complète. - Ok, je fixe le début. le début ça va. Bon, on recommence, on va s'en sortir. 

  • Tempêtes 3.5: arrêt au chapitre 12, retour au 8, réécriture. - Nan mais si, c'est pas mal, le début ça va, mais là.... c'est les montagnes russes au niveau de la tension dramatique. Range ta chambre, Mélanie! 

  • Tempêtes 4.0: Réécriture des chapitres 9, 10, 11, 12 et 13... genre deux ou trois fois, en entier - Et comme ça? Nan, c'est moche. Et là? RHAAAAAAA. 

  • Tempêtes 4.5: Patchworck! Découpage des scènes, réagencement, réécriture des chapitres 9 à 14 - Vive les post-its. Bon, ça j'aime bien mais ça devrait venir après. Et ça, c'est redondant. Qu'est-ce que je préfère? Et ça ça vire. Hum, ça c'est plus cohérent. On revient en arrière et on corrige. J'EXIGE QUE TOUT FONCTIONNE, BORDEL!  

  • Tempêtes 5.0: Patchworck de nouveau ! Découpage/ajout/suppression de scènes, réagencement, réécriture des chapitres 9 à 15 - Bouhouhouhouhou, faites que ça marche, cette fois. Je-vais-raccrocher-mes-waggons ! Encore un effort.

  • Tempêtes 6.0: Patchworck une dernière fois. Réécriture des chapitres 9 à 15.  Découpage/ajout/suppression de scènes, réagencement, passage de Climax et descente.  - C'est moi ou ça marche? Mais oui, ça tient...la vache ça tient! YOUHOU! 


Phase C: la descente/l'euphorie

Je suis en haut de mon échelle à toboggan, plus qu'à descendre. C'est la phase d'euphorie, j'ai réussi, je suis de l'autre côté du Climax, j'ai battu le boss de fin, j'ai un ensemble cohérent jusqu'à ma scène finale, je suis joie et bonheur, et généralement c'est le moment où j'avale les chapitres.

La phase C est très souvent à refaire entièrement à la réécriture, parce que c'est une phase de relâche totale où je suis trop heureuse pour être objective. Elle contient la résolution et décompression et s'écrit souvent en une poignée de jour. Généralement, je ne la réécris pas en cours de route; j'attends la relecture globale pour avoir un regard linéaire sur l'ensemble et la juger à l'aune de ce regard.

Pour #Tempêtes par exemple, les chapitres 19-21 ont été écrits.... en une journée. Hier.

Pour #Tempêtes: chapitres 17 à 21
Avril 2019


Survivre à la fin

Juste avant d'entamer la réécriture, je définis ce que je vais faire APRES. Ce n'est pas grand chose, juste une idée de planning, poser une envie, une échéance, de façon à ne pas tomber dans le vide à la fin du projet. C'est généralement ce qui me motive à passer en mode correction tout de suite, et à avancer. Mais chacun son envie/sa méthode.








Corrections - après l'écriture


Dès le lendemain: on est repartis! Chapitre 1, relecture, thé, gâteaux. On laisse pas le récit retomber, et je vous explique pourquoi.


Relecture immédiate: bénéfices et conséquences

La relecture immédiate a plusieurs avantages:

- Vous êtes super positif/heureux. Vous avez réussi, vous avez fini, youhou! Victoire! En relisant dès à présent vous êtes dans une attitude morale qui vous aidera à dépasser les petits défauts que vous croiserez: vous ne vous effondrerez pas, parce que vous êtes content. Vous corrigerez. Si vous laissez le gâteau reposer, vous allez vous mettre à avoir peur. La joie d'avoir fini va retomber, vous allez vous demander si c'est aussi bien que ça, et quand vous commencerez à relire, vous serez plein de doute, et pas d'enthousiasme. Croyez moi, ça compte sur le résultat et l'énergie que vous pourrez déployer dans ces corrections.

- Vous êtes PLEIN de votre champ lexical. Vous sortez juste de votre bain d'écriture, vous maîtrisez le vocabulaire dédié, et donc, toutes les répétitions vont vous sauter à la gueule. C'est tant mieux: vous y épurerez votre style plus efficacement.

- Vous êtes dedans: on le dit pas à voix haute, mais ne pas finir les corrections, c'est ne pas finir vraiment. Vous aurez quand même un sentiment d'inachevé, qui va augmenter avec le temps. Ne le laissez pas s'installer, finissez pour de bon, corrigez, et lâchez ce projet pour en prendre un autre, parce que vous pouvez. De cette façon, votre esprit sera plus libre et la case occupé par cette histoire, libérée (délivrée).


Donc, vous reprenez votre livre, et vous le LISEZ. Oui, vous êtes votre premier lecteur. Vous n'êtes plus en train de l'écrire, vous êtes LECTEUR. Avec un droit de modifications. Avouez que vous en avez toujours rêvé.

En réécriture, on peut ajouter/enlever des paragraphes, changer tout ce qui nous dérange, mais normalement, ou en tout cas en ce qui me concerne, les modifications ne sont pas structurales. Je repeins les volets; je ne modifie pas le plan de l'architecte.

Si la maison ne tient pas debout, cependant, dommage: retour à la case départ, on reprend les mêmes et on recommence. Et ça arrive. Et c'est le métier qui rentre. On est tous passé par là. Revenez à l'étape A, et au travail. Prenez quand même un câlin en passant.

Pour les autres, on lit d'une traite, jusqu'à la fin, et après on LÂCHE (si). Je ne relis jamais une seconde fois parce que si je le fais, j'ai remarqué que je deviens inutilement pointilleuse et pleine de doutes. Donc je ne m'autorise qu'une seule relecture. Après, place aux bêtas lecteurs.



Les bêtas lecteurs

Je sélectionne des gens, je leur demande s'ils veulent bien, et je leur fous mon roman dans les pattes. Pour #Tempêtes, j'ai une poignée de bêtas lecteurs habituels, plus quelques nouveaux pour des orientations spécifiques à ce roman, et dont le regard de professionnel est précieux. Je leur envoie, et je laisse faire. Je ne réclame rien. Je sais déjà sur quoi je veux bosser après, donc je passe au projet suivant, et je laisse les lecteurs faire leur taff, ou pas. J'ai parfois moins de 50% de retours. Au bout d'un certain temps, quand j'estime que je n'aurais pas plus de retour, ou que j'ai fini avec le projet suivant, je reprends tous les avis reçus, et c'est parti pour la deuxième relecture.


La dernière relecture

Si un bêta lecteur a un avis avec lequel je ne suis pas d'accord, on discute et je décide. Si deux bêta-lecteurs soulèvent le même point, ils ont raison, et je corrige sans discussion. A partir de 2 à ressentir la même chose, je décide que c'est significatif.

Je fais donc ma dernière relecture uniquement avec les avis des bêta-lecteurs. Moi, personnellement, je ne me mets pas en travers du chemin. Les corrections que je voulais apporter sont censées être finies.

Une seule exception: en cas de scène problématique soulevée plusieurs fois, évidemment, je réécris.


Le lâcher-prise

Cette seconde relecture terminée, vous avez FINI.
La place de ce projet n'est plus dans un placard, vous avez fait le nécessaire. Soit c'était pour vous, et vous le gardez au chaud, soit c'est pour un éditeur, et il faut l'envoyer. A qui et comment, on verra ça dans une autre note de  blog, si vous voulez.


Pour #Tempêtes, j'envisage que cette phase soit terminée fin mai MAXI.
Et mon éditrice sera dans les bêtas directement.

Lorsque vous atteignez cette étape, laissez ce livre vivre sa vie. Bien évidemment, l'éditeur demandera des corrections, mais c'est une autre histoire, une autre phase, une mutation. Vous pouvez en tout cas être fier de ce que vous avez accompli.







Conclusion

Voilà! J'espère que cette note de blog vous aura aidé. N'hésitez pas à intervenir si vous avez des questions en commentaires, je tâcherai d'y répondre au mieux. Souvenez-vous que c'est ce que je fais, pas une règle immuable, et que toute méthode qui vous convient est une méthode VALIDE.

Je vous souhaite bonne écriture et bon courage dans ce confinement qui n'en finit pas. Et on se retrouve bientôt pour suivre l'aventure de #Tempêtes!

Bonne journée et à très vite



Mélanie Guyard - Andoryss