Bonjour à tous!
Après vous en avoir parlé longtemps, après vous avoir détaillé le processus créatif, celui d'écriture et de correction, il est temps de vous annoncer la sortie du projet code #Tempête et de vous parler un peu plus de lui, de son essence vitale, de ce qui m'a pris aux tripes avant, pendant et après l'écriture.
Où comment, sans le savoir, j’allais écrire un roman parlant du plus grand traumatisme de ma vie d'enfant pendant que je vivais le plus grand traumatisme de ma vie d'adulte, et sans faire le lien entre les deux événements avant d'avoir posé le point final. Des fois, l'univers sait mieux que nous comment on doit guérir, et quand.La première étincelle
Lorsque j'ai signé les Âmes silencieuses, mon éditrice m'a demandé si j'avais d'autres idées. J'en avais, mais rien de formalisé, et je me suis donc dépêché de pondre deux ou trois pitch, dont celui-ci: "Une mère et son fils tentent de reconstruire un équilibre familial après la mort du père. Et aussi, il y a une tempête".
J'avais à ce stade une idée assez précise de ce que je voulais faire, un roman sur le deuil, la résilience, la culpabilité des survivants, la faillibilité des adultes, et le désir d'anéantissement qui saisit les enfants au sortir de l'enfance, justement; cette fascination du néant et cette fin de l'immortalité, vertigineuse.
Et puis il y avait la tempête, LA tempête, en décors fantasmagorique, celle qui balaye tout, et avec qui le monde d'avant finit. Je suis de Charente Maritime, j'étais là-bas, je l'ai vécue. Pas dans l'île, c'est sûr, mais j'y étais. Unir les deux n'était pas une option, c'était une fatalité.
Ces deux éléments centraux, je les ai tous les deux éprouvés. Contrairement au héros du roman, ils n'ont pas été simultanés dans ma vie, et je n'ai pas la même histoire que celle du petit garçon qui m'a accompagné pour l'écriture de ce roman. mais je lui ai prêté mes souvenirs, mes sentiments, et ma mémoire du vide et du vent.
Mon éditrice, convaincue par différents éléments que je ne révèle pas pour ne pas vous spoiler, m'a donné son feu vert. J'ai fini les Âmes, travaillé à les corriger, et attendu leur sortie avec impatience... nous sommes alors fin 2018. J'ai hâte que mon premier roman sorte, et de passer à #Tempête. Mais une autre tempête, bien différente, envisageait déjà les choses autrement.
La vraie tempête
Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais début 2019, l'apocalypse s'abat sur ma famille. Tout est balayé pour se concentrer sur une catastrophe, aussi personnelle qu’inéluctable, et j’entrevois la traversée d'un enfer, borné d'insomnies, de terreur et de larmes. Le coup de massue met plusieurs jours à être digéré, puis la guerrière vient à mon secours, et j'affronte. Mais il n'est plus question d'écrire, il est question de lutter, de traverser l'horreur et d'en ressortir vivants et victorieux. Alors j'annonce un délai, tout le monde comprend, et j'affronte.
Lorsqu'on rencontre un ouragan en pleine mer, on est seul. Bien évidemment, la radio peut, entre deux coups de semonce, nous transmettre le message des gens qui nous aiment et qui comptent, plein d'espoirs et de soutien, mais la vérité, c'est qu'on est seul et qu'on s'évertue juste à ne pas couler avant la fin de l'ouragan.
Et ça a pris des mois. C'était à la fois atrocement lent, et abominablement soudain, tout le temps. Nous étions en famille, et nous avons affronté ce qui s'est présenté, les échéances, les rendez-vous, les calendriers et les nouvelles qui tombaient. Et puis, heureusement nous sommes ressortis de l'autre côté.
Et j'ai cru que j'étais indemne. C'était faux. J'étais autre.
Et j'ai cru que j'étais indemne. C'était faux. J'étais autre.
Le trésor des naufrageurs
Quand j'ai voulu me remettre à écrire, ma plume était pleine de toute la douleur accumulée pendant des mois. Il a fallut tâtonner, essayer de contrôler la douleur d'avant que je voulais raconter pour qu'elle ne se laisse pas teinter par les couleurs de celle, présente, qui m'accompagnait au quotidien. Et c'était compliqué, très. Pourtant, cette fois encore, je n'ai pas fait le lien.
Petit à petit, j'ai trouvé une voie entre les deux, une voie étrange, un peu différente de celle que j'envisageais, mais qui racontait l'impuissance et la tristesse, la colère et le renoncement. Une version, puis deux, puis trois. Je suis un animal de réécriture, je me suis acharnée à trouver les bons mots, et je ne me rendais pas compte que ce faisant, je recevais plus que je ne donnais.
Quand le roman a été fini, il est resté un nouveau vide, ce calme après la tempête. Les deux s'achevaient en même temps, et pourtant, je ne liais toujours rien, séparant ma vie et mon roman sans voir le miroir. J'avais juste un sentiment d'achèvement, mais aussi ce vertige qui saisit quand on a été très concentré pendant très longtemps et que, passant la ligne d'arrivée, on ne sait plus comment vivre après avoir tant lutté.
Quand le roman a été fini, il est resté un nouveau vide, ce calme après la tempête. Les deux s'achevaient en même temps, et pourtant, je ne liais toujours rien, séparant ma vie et mon roman sans voir le miroir. J'avais juste un sentiment d'achèvement, mais aussi ce vertige qui saisit quand on a été très concentré pendant très longtemps et que, passant la ligne d'arrivée, on ne sait plus comment vivre après avoir tant lutté.
J'ai soufflé, dormi, digéré le vide, rangé les armes, essayé de lutter contre la paranoïa et accepté la fin du combat. Difficilement. Et alors, dans le calme revenu, j'ai vu.
Le premier ciel bleu après l'apocalypse
Je me souviens, c'était cette année, il y a quelques mois, au cours d'un repas avec mon éditrice, ou nous faisions le points sur le roman, la vie, les corrections, la suite. A un moment, j'ai verbalisé cette idée du premier traumatisme écrit pendant que je vivais le second. Et j'ai vu l'écho, et j'ai vu qu'elle l'avait vu avant moi, et que peut-être tout le monde l'avait vu, alors que ce n'était pas planifié, ça n'aurait jamais pu l'être.
Et je me suis demandée comment et pourquoi j'avais pu/voulu faire ça, comment je n'avais pas décidé de séparer définitivement les deux événements au lieu de m'entêter à les vivre en même temps, et la seule réponse que j'ai trouvé, c'est que je n'aurais pas pu écrire #Tempête autrement. Parce que si je ne l'avais pas écrit à ce moment, je n'aurais plus jamais pu l'écrire.
Depuis l'enfer, il s'en est passé des choses, et celle qui compte ici, outre que j'en ai fini avec la peur et que tout le monde va bien, c'est que je ne vis plus du tout ce premier traumatisme de mon enfance de la même façon que je le vivais avant mon drame d'adulte. Quelque chose a changé, qui était nécessaire pour écrite #Tempête et qui a disparu, désormais. Et ça non plus, ça n'était pas prémédité.
Mais je suis contente d'entrevoir la beauté du ciel après l'obscurité.
Voilà. J'espère que vous me pardonnerez cette note très personnelle. Je m'étais juste dit que par honnêteté intellectuelle, je me devais de vous offrir les étranges ingrédients de ce roman que je me prépare à vous livrer. Je voulais également clore une période, celle de sa gestation, qui s'est accompagnée d'une lutte si intense, injuste et inégale, mais que nous avons quand même remportée.
Voici ce qu'il en restera.
L'enfant des Tempêtes
Quatrième de couverture:
"Charente-Maritime, quelques jours avant Noël. Le cœur de Mathieu, douze ans, n'est pas à la fête.
Incapable de supporter leur domicile et la présence de la famille après la mort de son mari, sa mère a décidé de se réfugier dans leur maison de vacances sur l'île d'Oléron. Toux deux s'y retrouvent pour une semaine face à l'océan sous l'hiver, entre culpabilité et deuil. Dans l'espoir d'endormir sa peine et son incompréhension du monde des adultes, Mathieu s'échappe de la maison dès qu'il le peut et rencontre Corentin, un garçon de son âge. Jour après jour, les deux garçons explorent la plage, les blockhaus en décrépitude et les limites de leur courage.
Mais bientôt, Corentin pousse Mathieu à des expériences plus extrêmes et le ciel se fait de plus en plus noir. Tandis qu'une tempête sans précédent approche des côtes françaises, une autre monte en lui, bien décidée à balayer son enfance.
Et comment peut-on affronter l'obscurité quand on a douze ans?"
Chez qui ? Les éditions du seuil
Quand ? Le 8 octobre. Un roman de l'hiver.
J'espère que ce nouveau roman vous plaira. Moi, il représentera pour toujours ma transformation, que j'aurais vécu sans jamais le réaliser en même temps que mon héros, si fragile et déterminé.
A bientôt
Mélanie Guyard - Andoryss
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