vendredi 26 janvier 2018

"Mais d'où vient l'inspiration?" - Article 2: Le Passageur - Janvier (4)

Bonjour à tous!


Je ne sais pas si vous vous souvenez de ce qui avait motivé l'article 1 des MOVI ("Mais d'où vient l'inspiration?") et sinon, vous le trouverez ici.  Il ressortait que l'arrivée de l'inspiration représentait l'étape cruciale aux yeux des lecteurs alors qu'elle n'est pour moi que l'étincelle à l'origine de mon feu de cheminée. Ceci dit, comme c'est aussi très intéressant de remonter aux sources d'un projet pour en percevoir toutes les racines, je m'étais dit que j'en ferais plusieurs ( des MOVI, pas des feux de cheminée)

Or donc, en décembre, j'ai terminé et rendu Le Passageur, mon prochain roman à paraître aux éditions Lynks.  Maintenant, c'est l'étape des corrections, mais bientôt, il sera libre et dehors, entre vos mains, en mai. Comme c'est presque le jumeau maléfique de L'Architective, que j'avais traité dans le premier article, ça me semble normal qu'il fasse l'objet du second. Et puis, c'est l'heure d'un teaser, avec le roman qui sort dans quatre mois...


Alors voyons: d'où vient l'inspiration?




Calvin et Hobbes, toujours pertinent
(By Bill Watterson)



Mais pour que vous puissiez suivre un peu l'inspiration de ce roman, il faudrait que je vous explique en gros de quoi ça parle, alors... 

Matéo Soler sait que les fantômes existent. Il le sait parce que sa mère en a aidé des dizaines à trouver le repos, jusqu'à ce qu'elle-même meure, des années auparavant. Ce que le jeune garçon ne pouvait pas deviner, par contre, c'est qu'il hériterait de son pouvoir. Devenu Passageur à son tour, le voilà contraint de lutter contre un trushal odji, une âme affamée. Pour s'en libérer, Matéo n'a d'autre choix que de rejoindre l'âme dans son époque d'origine afin d'y apaiser sa mort. Mais alors qu'il est propulsé au temps de la Commune et au milieu des horreurs de la semaine sanglante, il comprend que sa tâche ne sera pas si facile... 



Paris incendié, mais 1871



Etape 1: D'une histoire à l'autre

La genèse de Passageur a commencé pendant l'écriture de l'Architective. Ce n'est pas pour rien que j'appelle ce roman le jumeau maléfique, et que dans ma tête, Armand et Matéo évoluent dans le même univers, parfois à quelques kilomètres l'un de l'autre. Lors de l'affrontement final de l'Architective, Armand se rend compte que le pouvoir de son amie Malaurie, pythie de son état, fonctionne sur le même principe que le sien: une distorsion de l'espace, du temps, et l'arrivée dans un espèce d'entre-deux onirique où tous les temps sont réunis en un endroit donné pour cet endroit. Armand le perçoit de façon fantasmagorique, mais l'essentiel était là.



Yeah, Stuff



En écrivant ce passage, je me suis dit que si c'était le cas, alors c'était aussi par là que passaient les fantômes. Et un début d'idée a décidé de germer à ce moment-là. La première étape fut donc une auto-inspiration en cours d'écriture.



Etape 2: Charon et les gens du voyage

Aussi, quand quelques mois plus tard il s'est avéré qu'il n'y aurait pas de suite à l'Architective (alors que j'avais prévu un volume deux avec, justement, un fantôme), j'ai repensé à l'idée que j'avais eu et j'ai commencé à y réfléchir. Et parce que Malaurie est une pythie, sans doute, la mythologie grecque est venue s'en mêler. Il existe quelqu'un qui sépare le monde des vivants et celui des mort, quelqu'un qui est responsable du passage, et cette personne, c'est Charon, le batelier. Comme le pouvoir de la pythie avait atteint Malaurie, j'inventais alors un pouvoir semblable, celui de guider les morts, qui se transmettrais de génération en génération.



Charon dans ses offices


C'est de cette façon que le pouvoir du Passageur est né. Ou plutôt devrais-je dire le pouvoir de la Passageuse, car les portes entre la vie et la mort sont, dans mon histoire, uniquement des femmes. Pour savoir pour quelle raison Matéo a été choisi, il faudra lire le livre...




Etape 3: Les gens du voyage et le coq

J'ai alors souhaité deux choses pour mon personnage: une communauté très soudée, qui serait au courant de son pouvoir, et un monde extérieur hostile, comme s'il était capable de percevoir la dangerosité de ses capacités. C'est de cette façon que je me suis penchée sur les gens du voyage, d'abord parce que le nom était évocateur, et ensuite, parce que leur culture est très riche en ce qui concerne le respect des morts et toutes les formes que les défunts peuvent prendre lorsqu'ils ne trouvent pas le chemin du repos. 




J'ai beaucoup écrit sur fond de musique Rom. 
Mais un jour je ferai un article sur mes playlist d'écriture



Dans mes recherches, j'ai trouvé une foule de mots romani pour évoquer des dizaines de formes de spectres différents, ceux des enfants, ceux des gens morts d'empoisonnements, un mot pour le vomi de fantôme (!) et notamment un autre, le Trushal odji, pour les "âmes affamées". Lorsque j'ai trouvé ce mot-là, j'ai su que je tenais la bonne communauté. Et quand plus tard j'ai trouvé des informations sur le coq, l'animal qui pour les gens du voyage est "le porteur de lumière qui chasse le mulo*", j'avais tout ce qu'il me fallait.

*mulo = fantôme




Etape 4: La llorona

La légende mexicaine de la Llorona est très connue, mais pour ceux qui n'en auraient jamais entendu parler, il s'agit en gros d'un fantôme de femme qui pleure, la nuit, dans les rues de la ville, avant de disparaître dans le lac. Ceux qui vont lui parler en meurent, le plus souvent. Des déformations de cette légende originales ont rendu la llorona plus agressive: lorsqu'on entend les pleurs, elle se rapproche peu à peu, et si elle vous rejoint, vous mourrez. C'est du très classique qui a notamment été utilisé dans Les Cartographes de S.E.Grove.  






J'ai donc utilisé cette légende de la llorona, pour la fusionner avec le trushal odji, et les pleurs se sont entremêlée avec les âmes affamées, dévorant les autres fantômes, étirant le voile, déchirant l'espace et le temps dans leur détresse. Il ne me restait plus qu'à envoyer mon héros les affronter, et voilà. 



Conclusion. 

Pour ce roman, les ingrédients ont été les suivants: l'imagination débridée que l'on libère lors de l'écriture, associée à une bonne dose de culture mythologique, populaire et télévisuelle, un soupçon de convergences qui font monter la mayonnaise, et une bonne grosse dose de recherches pour le glaçage. Et encore! Je ne vous ai pas parlé des recherches que j'ai fait pour toute l'époque de la Commune de Paris: comme elles ne concernent que le volume 1, elles sont moins pertinentes ici.

Moralité, pour écrire des romans, il faut aimer l'éclectisme et la mayonnaise. 

J'espère que ça vous aura donné envie de lire le Passageur! Rendez-vous en mai! 


A très bientôt



Andoryss


















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